Le Château de Miolans, la «Bastille Savoyarde»

St-Pierre-D’Albigny

Le château de Miolans date du XIIe siècle. Son histoire est liée à la famille Miolans, puissante car ancienne (Xe siècle) et proche du pouvoir.

Gardien de la vallée

Placé sur un escarpement rocheux à 550 mètres d’altitude, le château de Miolans domine la Combe de Savoie. Ce placement stratégique lui permettait de contrôler les routes et la vallée, qui était un lieu de passage commercial. Situé à proximité de la frontière du Dauphiné, il participait à la protection de celle-ci. Encore aujourd’hui, le château offre aux visiteurs un magnifique point de vue sur toute la vallée, et au-delà, puisqu’on peut même y apercevoir le mont-Blanc par beau temps.

La « Bastille savoyarde »

Au XVIe siècle, la famille de Miolans s’éteint, le château est cédé au Duc de Savoie, Charles III. Celui-ci songe à prolonger la vocation militaire de l’édifice, mais il est trop vétuste. Il est alors transformé en prison d’État, et est surnommé la «Bastille savoyarde». Le donjon, où vivaient les anciens occupants, se transforme en cellules. Écrivains, hommes de sciences, comploteurs… Les opposants au pouvoir royal y sont enfermés. On ne comptait qu’une douzaine de prisonniers en même temps, isolés au maximum pour éviter toute communication. La sécurité de l’État était en jeu. Le Marquis de Sade a fait partie de ses pensionnaires de décembre 1972 à avril 1973, dû à son comportement. Sur les murs des geôles, on peut encore y lire les écrits laissés par les prisonniers, preuve que les personnes enfermées étaient cultivées.

Sauvé de justesse

En 1792, les troupes révolutionnaires françaises entrent en Savoie. La forteresse est mise aux enchères en 1794, mais ne trouve pas d’acquéreur. Laissée à l’abandon, elle sert de carrière de pierres pour le village voisin. Jusqu’au 16 août 1869, où elle est sauvée par le préfet de la Savoie Eugène Guiter. Il la restaure petit à petit, tout en gardant son aspect d’origine. Aujourd’hui, ses descendants perpétuent la conservation du château. À l’intérieur de l’ancienne prison, pas de meuble ni de décoration, elle est telle qu’elle a été retrouvée, permettant aux visiteurs de découvrir son évolution.

Écrin de verdure

Dans la cour, la verdure côtoie les murs en ruine. Figuiers, poiriers, pommiers et quantité de plantes aromatiques verdissent les lieux. Plantes nourrissantes, tinctoriales, guérisseuses ou ensorceleuses. Leurs vertus racontent, elles aussi, l’histoire du château, et de son époque.

Anne Monneau