Châtillon : une pollution qui fait tache dans la première rivière sauvage de France

Le 18 avril, des pêcheurs de l’AAPPMA (Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques) «Haute Semine Basse Valserine», en train d’installer des panneaux au bord de la Valserine, constatent une pollution conséquente dans le lit de la rivière. Probablement un rejet d’eaux usées et de matières fécales, au vu de la couleur noirâtre et de l’odeur dégagée. « Ce sont certainement des rejets de la STEP (station d’épuration, Ndlr), située sous la plaine de Châtillon, tempête un pêcheur. Cela fait des années que cela dure, au moins depuis 2011, et rien n’a jamais été fait pour les stopper. »

Ces photos, mises en ligne sur le réseau social Facebook, ont indigné de nombreux internautes, juste avant la diffusion d’un reportage consacré à la Valserine dans l’émission de France 3, Des racines et des ailes. Le président de l’AAPPMA «Haute Semine Basse Valserine», Marc-Antoine Durand, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, indiquant simplement qu’il avait adressé un courrier à la mairie de Châtillon pour rencontrer les principaux intéressés. En précisant que « le problème ne date pas d’hier. Les services de l’Etat sont au courant et également destinataires du courrier ». Jean-Pierre Romieux, chef du service départemental de l’AFB (agence française pour la biodiversité), souhaite que toute la lumière soit faite sur cette affaire. « Ce n’est pas la première fois que cela arrive, confirme-t-il. Des pêcheurs ont déjà constaté récemment un déversement du même type, qui avait duré vingt minutes. Ils ont essayé de joindre l’un de nos agents, qui n’était pas disponible ce jour-là. Nous savons qu’il y a des dysfonctionnements au niveau de cette STEP, de temps en temps. Le problème, c’est que quand il y a un écoulement, il dure très peu de temps. Si notre agent se trouve à Bourg-en-Bresse, le temps qu’il arrive à Châtillon, il n’y a plus rien qui coule. Or, il faudrait être sur place quand ça arrive, pour faire des prélèvements. »

L’inspecteur de l’environnement assermenté attend d’en savoir plus, au cours de la réunion prévue prochainement avec la mairie de Châtillon et la société fermière Veolia qui gère la STEP (voir ci-contre). « On va les interroger pour savoir d’où proviennent ces dysfonctionnements et ce qu’ils proposent pour y remédier. Si rien n’est fait et que nous constatons une pollution, nous pourrons intervenir et relever les faits par procès-verbal. » Avant de reconnaître qu’« effectivement, les photos des pêcheurs sont parlantes. On voit bien que ce n’est pas de l’eau claire qui s’écoule du rocher de la station d’épuration. Il y a manifestement des dysfonctionnements. On ne va pas laisser perdurer cette situation. Ces problèmes de pollution à répétition, mêmes ponctuels, ont un impact sur la rivière. On ne peut pas accepter que des eaux usées se déversent comme cela dans le cours d’eau, sans traitement. Le maire de Châtillon est au courant, à lui de réagir ».