Sam crie partout, tout le temps. Quand il est en colère, quand il est content, quand il a peur, quand il n’arrive pas à se faire comprendre. Quand les gens regardent Sam pleurer, ils disent que c’est un gosse mal élevé, ou un débile mental, c’est arrivé. Pourtant, Sam sait lire, parvient à écrire, essaie de parler. Il est juste autiste. TED, a diagnostiqué le médecin, Trouble Envahissant du Développement. Moi, il m’arrive de pleurer, partout, tout le temps, de colère, de joie, de peur, quand je n’arrive pas à me faire comprendre. Quand il faut me battre pour obtenir la moindre aide, le plus petit soutien, quand il faut espérer pour mon fils autre chose que les quatre murs de sa chambre car il a peur de l’inconnu. Peur des salles de cinéma, du monde, du sable et de la neige. Peur de me quitter ou que je le quitte. Alors je reste, tout le temps, je vis Sam, tout le temps.
Il y a deux ans, une classe Ulis pour les autistes a été ouverte dans un petit village à 28 km du nôtre. Avec 10 enfants, presque autant d’AESH, et une enseignante formée à l’autisme comme à la patience. Il lui a fallu quatre mois pour rentrer en contact avec Sam, à apaiser ses angoisses. Et depuis, c’est terrible à dire. Mais je revis, pour moi. Pour Sam. Il crie moins, je pleure moins. Enfin, sauf depuis hier où j’ai appris que la classe allait être fermée. Que le combat allait recommencer.
Cette maman existe quelque part en France.
Cette classe fermera à Ste-Hélène à la rentrée.