Annecy : des morilles locales qui poussent sous serre, le pari fou (et réussi) de trois associés

MORILLES

Un petit trésor, qui sort délicatement de terre. Comme tous les ans maintenant, un petit miracle se produit ici : bienvenue dans les serres des Morilles du lac, société qui fait pousser depuis quelques années des morilles de culture. Le tout sous l’impulsion de trois associés qui ont cru en leur volonté comme en ce champignon noble  : Pierre Girard, Rémy Barraud et Jonathan Cabodi.

Si le siège de l’entreprise est à Saint-Jorioz, leur site de production se trouve à Coise-Saint-Jean-Pied-Gauthier, tout près de Montmélian. Un hectare panté de serres souples, dont les bâches se couchent ou se lèvent en fonction de l’humidité dans l’air. Les morilles prennent vie dans cette terre sombre, très humide, dans une atmosphère proche de celle d’une forêt. Un autre hectare de production sera bientôt opérationnel à Saint-Jorioz, d’ici quelques mois, pour prolonger l’aventure.

« On a connu plusieurs années d’échecs »

L’histoire des Morilles du lac a commencé il y a une dizaine d’années, lorsque les trois amis réalisent leurs premiers semis, sans que le résultat ne soit à la hauteur de l’énergie investie. « On a connu plusieurs années d’échecs, c’était assez dur, surtout qu’on ne peut essayer qu’une seule fois par an », résume Pierre Girard, étant donné que le cycle de la morille est annuel.

D’échecs en aprentissages, ils ont fini par percer le mystère : la morille est un champignon assez fragile, sensible à son environnement, ils ont choisi d’utiliser un pot en céramique à planter en terre, pour protéger le mycélium, ce délicat réseau de racines invisibles qui garantit la croissance du champignon. En parallèle, ils développent un nouveau système pour « nourrir la terre », en cours de brevetage, et ainsi augmenter leur rendement, de manière naturelle. La variété choisie, « très intéressante, avec un gout très prononcé », est orginaire des Bauges.

Quatre tonnes à l’hectare

Aujourd’hui, ces agro-forestiers produisent 4 tonnes de morilles à l’année, sur leur parcelle d’un hectare. Cela fait maintenant « trois à quatre ans » que le rendement est suffisant pour permettre aux trois entrepreneurs de vivre « t oute l’année » de leur production. Leurs morilles se vendent environ 90 euros le kilo aux particuliers. Les restaurants étoilés représentent la majorité de la clientèle de l’entreprise, qui ne compte pas s’arrêter là. La demande est énorme, les Morilles du lacont vocation à poursuivre leur développement, au cours des prochaines années.