Chaque année, crapauds communs et grenouilles rousses quittent leur habitat pour aller se reproduire dans le lac des Moulins. Par grappes impétueuses, ils franchissent la D201 sans regarder ni à droite ni à gauche. Pendant de longues années, que la chaussée soit crépie de batraciens écrasés n’a pas ému grand monde... Et puis Philippe Foulon s’est intéressé à la problématique : « En empruntant cette route en vélo, j’y ai un jour trouvé une cinquantaine d’amphibiens aplatis par les voitures. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose et au début, je leur faisais juste traverser la route ! »
Une année, il prend contact avec l’association France Environnement qui le dote de filets. Philippe et des amis creusent alors une tranchée sur les 150 mètres les plus critiques, y plantent les filets et jalonnent l’obstacle ainsi échafaudé de seaux, environ tous les 15 mètres : « Ils longent les filets et finissent par tomber dans les récipients. Une fois par jour, on vient relever les seaux et les transvaser dans le lac un peu plus haut ». La comptabilité n’est pas exacte, mais Philippe se souvient avoir ramassé jusqu’à 10 000 crapauds sur une année. L’an dernier, ce fut seulement 600. « Chaque année, observe-t-il, la population baisse. Avec l’association Je m’Implique, nous avons décidé que cette opération ferait partie de celles que nous conduirions. Notre activité, ce n’est pas que faire du bla-bla, c’est aussi mettre la main sur le manche ».
Quelques mètres plus bas, penchée sur la terre rendue meuble par les pluies récentes, Sabine Wissember, présidente de la Panstarnaise, s’attache à planter les filets... Il y a quatre ans, son association chargée de l’animation a estimé qu’il était important de participer à ce geste pour l’environnement. « On ne va pas sauver la planète, mais cette action est devenue un outil de sensibilisation. Elle offre aux écoles l’opportunité de découvrir ce coin de nature, les animaux qui le fréquentent et ce que l’on peut faire pour les protéger. » Un peu naïvement, on l’interroge sur les capacités que l’on croyait bondissantes des grenouilles. Ne peuvent-elles pas franchir en rigolant ce filet ? « Eh bien non, les batraciennes sautent loin, mais pas très haut... ce qui fait qu’on les retrouve dans le seau... »
Et moins sous les roues des voitures !