« On te croit », « Ras le viol », « Pour que nos vies ne soient plus classées sans suite »… Voici les slogans que l’on pouvait lire devant le tribunal de Chambéry ce jeudi 9 et vendredi 10 février 2023. Cette mobilisation de l’association Nous Toutes 73 s’est déroulée dans le cadre d’un procès pour viol en soutien à la victime, Charlotte. Une affaire qui remonte à février 2019 lorsque celle-ci, alors âgée de 30 ans, était saisonnière à la station des Arcs à Bourg-Saint-Maurice, et qui aura pris quatre ans de procédure.
À l’issue de ces deux jours de procès, l’agresseur présumé de la jeune femme, un autre saisonnier qui était son colocataire au moment des faits, a finalement été reconnu coupable par la cour d’assises. Il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement dont deux ans avec sursis avec obligation de soins et apparaîtra à vie dans le fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Durant les plaidoiries, la procureure générale Thérèse Brunisso a rappelé que « la pénétration de doigt dans un vagin est un viol » tout comme le refus et le non-consentement de la jeune femme, « qui ont été clairement exprimés » au moment des faits, ajoutant que « l’absence de lésion ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu viol ».
« C’est n’importe quoi de faire de ce procès une cause ! »
En face, l’avocat de la défense, Me Olivier Connille, a commencé son plaidoyer en accusant le soutien de l’association Nous Toutes 73 qu’il a associé à une manœuvre politique. « Je n’apprécie pas cette banderole devant le palais de justice, cette couleur violette, ces affiches placardées, c’est n’importe quoi de faire de ce procès une cause ! », a-t-il fustigé, pointant une « lecture salafiste du féminisme ».
Il a qualifié cette affaire comme étant « la preuve du rien par le vide », où il a réfuté la culpabilité de son client et a dénoncé un manquement à la présomption d’innocence. Depuis la garde à vue jusqu’à la convocation au tribunal de l’accusé, « on ne lui a jamais dit qu’il était présumé innocent », souligne le magistrat.
Une mobilisation inédite
À l’issue de l’audience, le collectif Nous Toutes 73, dont plusieurs de ses membres ont donc assisté au procès, explique que ce rassemblement devant le palais de justice est une première. « On se mobilise sur les réseaux sociaux mais c’est la première fois qu’on fait ce genre de chose sur Chambéry », précise Marie-Pierre Clément, membre du collectif Nous Toutes 73.
Briser le silence
Avec ce procès public, et surtout ce verdict, le collectif Nous Toutes 73 a espoir que cette affaire fasse jurisprudence en matière de violences faites aux femmes et que cela puisse aider celles qui en sont victimes à sortir du silence. « C’était le but de Charlotte et le nôtre, indique-t-elle. On veut accompagner les femmes victimes, qu’elles en parlent et rappeler aussi le nombre de femmes qui n’osent pas porter plainte parce que c’est trop difficile et que financièrement ce n’est pas possible non plus. Charlotte est l’exception ».