En décembre, la présidence de l’association LGBT+ Savoie a changé de main. Joël-Louis Koné a laissé la place à Hugo Dudouit, jusque-là trésorier. Et il a bien l’intention de dynamiser les actions pour faire entendre la voix des personnes LGBT + et de leurs alliés.
Revenons d’abord sur votre parcours : à côté de la présidence de l’association, vous êtes aide-soignant ?
« Oui, je travaille à Chambéry depuis deux ans. Auparavant, j’ai exercé aux urgences à Paris. Mon père est né à Chambéry, mais il est militaire, alors nous avons pas mal bougé. Aujourd’hui, c’est un choix de toute la famille de revenir petit à petit en Savoie. Et moi, j’ai besoin de faire plein de choses au quotidien. À côté de mon métier et de l’association, je suis aussi soigneur pour une équipe de rugby.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager au sein de LGBT + Savoie ?
J’ai été trésorier pendant un an, puis on a beaucoup travaillé à deux avec Joël-Louis, l’ancien président, notamment pour l’organisation de la marche des fiertés. Alors il m’a motivé à prendre sa suite. Au départ, quand des amis dans l’association m’ont proposé de la rejoindre en 2021, je me suis dit pourquoi pas ! Je suis entré d’abord comme allié, car je ne suis pas homosexuel moi-même. Mais je vois les difficultés auxquelles est confrontée la communauté chaque jour. Je ne me voyais pas comme président de l’association au départ, et finalement je me rends compte que c’est un poste à responsabilité, mais que je ne suis pas seul. Nous sommes comme une famille qui se soutient.
Aujourd’hui, y a-t-il eu des améliorations dans la cause LGBT ?
Personnellement, je n’ai jamais eu de mauvaise expérience. Mais dans mon travail, à l’hôpital au global, c’est un sujet difficile. L’éthique veut que l’on ne doit émettre aucun jugement sur les patients, mais dans les faits la prise en charge des personnes transsexuelle est parfois compliquée, même s’il y a du mieux. Je suis en train de travailler à monter un partenariat avec l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) pour justement enseigner les bonnes approches à ce sujet. Mais pour la communauté LGBT+, il y a malheureusement encore de la haine. La situation change un peu… Mais il faudrait juste laisser les gens vivre tranquilles. J’espère en tout cas qu’un jour, il n’y aura plus besoin de marche des fiertés et d’associations, ce serait bon signe !
Quels projets avez-vous pour l’association ?
Je veux qu’elle perdure ! Et pour ça il faut faire beaucoup d’événements. On veut organiser une marche des fiertés tous les ans bien sûr, mais aussi faire de la prévention dans les collèges et lycées pour parler de «LGBTophobies» et de MST (maladies sexuellement transmissibles) par exemple. On devrait bientôt débuter ces interventions au lycée du Granier. Et puis nous aimerions pourquoi pas organiser un festival de cinéma, pour montrer que la communauté LGBT est présente dans toutes les cultures. »
– Fondée en 2018
– Avec le Covid, l’association cesse ses activités en 2020 et une partie de 2021, puis reprend ses actions
– 6 personnes composent le bureau
– LGBT + Savoie a aujourd’hui 11 adhérents, et une campagne adhérents va bientôt commencer pour la faire connaître
La première marche des fiertés a rassemblé plus de 1 000 personnes. © LGBT + Savoie
En 2022, LGBT+ Savoie a organisé la première marche des fiertés de Chambéry. Une sorte de « crash test » selon le nouveau président, Hugo Dudouit, pour voir si l’événement prenait dans la Cité des Ducs. Et c’était un succès. « On attendait entre 500 et 800 personnes, et on en a plus de 1 000 ! C’était super, et du coup la mairie était aussi contente des remontées. Ça apporte du monde dans la ville », explique le président.
Les bénévoles de l’association sont donc déjà en discussion avec la mairie pour organiser l’édition 2023, qui devrait aussi avoir lieu en octobre. Mais avec des petites améliorations à prévoir. « On sait que l’on doit améliorer la sono, car certains participants nous ont fait remonter qu’ils n’entendaient pas toujours la musique, précise Hugo Dudouit. On pense aussi faire un trajet plus long : celui de 2022 faisait 900 mètres, et c’était assez rapide à parcourir… On aimerait au moins doubler la distance. » Suite aux retours des participants, les bénévoles réfléchissent aussi à ajouter un village associatif et à augmenter les temps de parole sur le parcours.
« On fera la prochaine édition en octobre, car on s’y est pris un peu tard, avoue Hugo Dudouit. Mais par la suite on aimerait organiser la marche en mai-juin, pour avoir vraiment les beaux jours. Il faudra juste que l’on fasse attention à ne pas se télescoper avec d’autres marches qui ont lieu à cette période, comme à Lyon par exemple. Cette année, c’est l’année de la confirmation pour notre marche des fiertés ! »