Franchir le Rhône : un exercice périlleux

Un bac à traille permettait de traverser le Rhône, en amont du lieu où a été construit le pont. (Coll. Michel Blanc)
Un bac à traille permettait de traverser le Rhône, en amont du lieu où a été construit le pont. (Coll. Michel Blanc)

Le site du pont Carnot était un lieu de traversée du Rhône depuis l’Antiquité. Les armées de César y seraient passées grâce à des gués, d’après les commentaires sur la guerre des Gaules.

Seuls les accès, aménagés sur chaque rive, peuvent nous donner des indices, sur leur localisation exacte, aujourd’hui. Le lieu-dit «Les Iles» semblent être l’endroit idéal pour traverser le Rhône dans les périodes de basses eaux. Des ports sont ensuite mentionnés sur les deux rives au Moyen Âge ; ils constituaient la fin d’un parcours navigable depuis Genève.

Les premiers bacs sont attestés dès 1730. Ils devaient être très rudimentaires. Quelques noms de passeurs sont restés dans les mémoires comme Julliard, Gaspard Gros, Demolle, Famy. En 1848, le conseil général de l’Ain souhaite « qu’une traille solide et spacieuse soit établie, si l’on veut empêcher de nombreux accidents ». Toutefois il s’en produit encore.

En 1856, après une soirée festive et par une météo défavorable, des ouvriers du chantier PLM (Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée) forcent le passage, mais la barque chavire et l’un d’eux se noie. En 1863, le scénario est se répète et le corps d’un vitrier ambulant est emporté, plusieurs kilomètres en aval, par le fleuve en crue. Le pont de Collonges rend ensuite cet aménagement obsolète et en septembre 1872, L’Abeille du Bugey et du Pays de Gex annonce la vente du matériel : câble, pontons, chaînes, bateaux démolis, bois…