Originaire de Lyon, David Liobard exerce le métier de détective privé depuis 2006. À 40 ans, il est le co-fondateur de l’entreprise Investipole, qui emploie 17 agents de recherches privées sur 11 agences réparties sur le territoire français, dont celles d’Annecy et Chambéry.
À quoi ressemble une journée d’un détective privé ?
« Notre voiture c’est notre deuxième maison : on y passe énormément de temps. Il faut qu’elle soit le plus caméléon possible : une berline grise sans signes distinctifs avec tout de même un minimum de confort. Vous repérez votre cible, vous vous planquez et vous ne la perdez pas. Quoiqu’il arrive, il vaut mieux perdre une cible que de se faire repérer, sinon c’est une faute professionnelle.
Un bon détective se fond dans la masse ! Aujourd’hui avec les téléphones portable c’est plus facile. Vous faites semblant de téléphoner et vous prenez la cible en photo.
Comment travaillez-vous ?
Au début de ma carrière, les missions empiétaient sur ma vie personnelle. Il m’a bien fallu trois ou quatre ans de sacrifices. C’est un métier d’urgentiste. Avec nos heures, le droit du travail, on ne connaît pas. C’est la même chose pour le code de la route : vous grillez des feux, des stops... Ce sont des risques qu’on appelle contrôlés et ça s’apprend. Tout comme une filature, c’est un élastique à chaque fois.
Quelles sont les missions que vous effectuez souvent sur le territoire ?
Les missions d’adultère par exemple, ça peut nous amener dans des endroits un peu cocasses. Ça nous casse un peu la routine. Quand vous faites un arrêt maladie frauduleux toute la journée à Annecy et que le soir vous terminez à La Clusaz, les skis au pied tout le week-end pour suivre les personnes et que vous vous retrouvez dans une chambre d’hôtel avec jaccuzzi, vous n’avez pas l’impression de travailler. C’est le luxe des pays de Savoie.
À Annecy, il y a beaucoup d’endroits où on n’a pas de visibilité. Souvent, nos meilleurs amis sont les loueurs de bateaux parce que quand vous vous mettez sur le lac vous avez accès à tout le contour : que ce soient les plages ou les résidences privées. Et là vous pouvez vous mettre comme les paparazzis et personne vous voit. C’est d’ailleurs une spécificité du territoire. Des confrères de Paris nous envient parce qu’ils sont à pied dans la bouche de métro et nous dans un bateau pour faire la même mission. »
Une mission a particulièrement marqué David Liobard durant sa carrière de détective il y a « cinq ou six ans ». C’était en plein été aux Menuires en Savoie. La société de son client subit régulièrement des vols de ferraille dans ses entrepôts le week-end.
David et son équipe repèrent un refuge et décident de s’y cacher pendant trois jours. « Je n’ai jamais eu si froid de ma vie, se rappelle-t-il. On avait le feu à côté, on ne voyait que nous mais tant pis pour la discrétion, c’était une question de vie ou de mort ! ».
Au moment où ils s’apprêtent à partir, découragés, les voleurs arrivent. « On était frigorifié et on n’arrivait pas à prendre les photos tellement on tremblait ». Finalement, malgré les conditions, ils réussissent leur mission après « 20 km de filature ».