Ce 24 décembre, quand la victime se présente devant son véhicule pour rejoindre le travail, elle retrouve son ex, alcoolisé. Il lui demande de lui prêter sa carte bleue. Et devant son refus, la bouscule, se sert dans son sac et file en douce « non pas pour faire les courses de Noël, se désole la procureure Sophie Mauboussin, mais pour s’acheter à boire ». Grâce à la carte, Thierry retire 150 euros et s’acquitte de différentes sommes dans plusieurs commerces, « j’ai cru qu’il allait vider mon compte », témoigne la malheureuse propriétaire. Elle finit par faire opposition, juste à temps pour empêcher un nouveau retrait de 500 euros. Sans doute frustré, Thierry se venge sur la voiture de location de madame (la dernière, il l’a cassée lors d’un accident) en lui assenant des coups de marteau.
Invité par la juge Michelle Raffin à s’exprimer, le prévenu s’excuse pour les dégradations commises, mais assure qu’il n’a pas agressé son ex-compagne et qu’elle lui a donné sa carte bleue. « Pourquoi vous l’aurait-elle remise alors que le matin devant témoin, elle vous l’avait refusée ? » « Je ne sais pas, mais vous avez des preuves de mon agression ? » « Ce n’est pas vous qui posez les questions remarque la juge » « Comme mon compte était bloqué pour des chèques en bois, c’est elle qui recevait mon salaire, je travaille dans la mécanique depuis le 5 décembre ».
« Je n’en peux plus »
Dans son audition, la victime rapporte que monsieur boit beaucoup, l’insulte, la rabaisse et la menace. « Une fois, ajoute sa fille, il a donné un coup de poing à ma mère alors qu’elle conduisait ». Thierry, regarde la juge, se tourne vers ses victimes, regarde la juge. Se tourne vers ses victimes. « Vous avez un problème avec l’alcool monsieur ? » « Je bois, c’est ce qui m’a valu mes problèmes avec la justice ». Condamné à deux reprises pour des violences à l’égard de son père et d’un policier, Thierry n’a respecté aucun suivi, honoré aucun rendez-vous. « Je ne pouvais pas, elle ne voulait pas m’acheter un téléphone ». Interrogée à son tour par la juge, la victime s’effondre : « Je n’en peux plus. Les courriers du tribunal, il les met à la poubelle, ses rendez-vous, il compte sur moi pour l’emmener ».
La procureure s’en émeut : « Elle accepte au détriment de sa famille et sa sécurité, juste par bienveillance, de ne pas le mettre à la rue alors qu’elle ne lui doit rien. Elle n’a jamais cherché à l’enfoncer, pourquoi la victime mentirait aujourd’hui ? » Elle demande une peine de 18 mois de prison dont 10 avec sursis probatoire deux ans, interdiction de contact et maintien en détention.
L’avocat de Thierry, Maître Adduci, sait que son client restera en prison pour ne pas avoir respecté les conditions d’une précédente peine, mais affirme dans cette affaire : « Vous n’avez aucune preuve de la violence. Et l’argent qu’il a pris sur le compte, c’était le sien ».
Le tribunal l’a condamné à 1 an de prison dont 5 mois avec sursis probatoire deux ans, maintien en détention.