Il vole à 300km/h en rase-mottes et s’en vante sur les réseaux sociaux

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Ancien pilote professionnel, le prévenu affiche 42 ans de pilotage, 15000 heures de vol dont la moitié en montagne, « mon père était pilote, mon fils est pilote dans l’armée de l’air et j’ai formé 400 personnes, aucune n’est morte dans un accident ». À la barre il sourit, se présente très décontracté ce qui lui sera reproché quelques minutes plus tard par la procureure.

C’est l’analyse de deux vidéos diffusées sur Facebook qui lui valent de comparaître ce jour. Sur les films, on le voit survoler deux altiports à 5 mètres du sol, à une vitesse de 300 km/h. « Pour le fun » commente-t-il sur l’une… à certains amis qui s’interrogent sur la légalité de la manœuvre, il répond par des émoticônes amusées. Avant 2019, ce type de reconnaissance était toléré, plus après la nouvelle législation. Pour l’aviation civile « ce type de vol n’a aucune vertu pédagogique, il est dangereux et encourage les comportements délictueux ».

Pour le pilote «  la vitesse, c’est la vie, la mienne était adaptée au terrain et à la machine, si je suis en infraction, alors tous les pilotes qui pratiquent la montagne le sont. Le survol est une question de sécurité ». « Sur votre page Facebook, une personne vous demande pourquoi vous ne prenez pas la piste dans le bon sens ? » « Je m’aperçois qu’il ne faut rien publier sur les réseaux sociaux tant on est épié et jalousé. J’ai emprunté la piste dans le sens inverse tel que c’est préconisé avant tout atterrissage ! »

« Ça passe jusqu’au jour où ça ne passe plus »

La procureure Aurélie Goutagny parle d’un excès de confiance, « Et quand on voit le nombre d’accidents et de morts sur le ressort d’Albertville. Je ne crois pas que l’on peut faire preuve d’excès de confiance. Du repérage à 300km/h, tous les professionnels vous diront que ce n’est pas ainsi que l’on fait de la reconnaissance. Dans cette vidéo, vous montrez que vous êtes un super pilote qui vole super vite et super bien… et ça passe jusqu’au jour où ça ne passe plus. C’est à force de repousser les limites que les accidents surviennent. Si nous intervenons, c’est pour prévenir les spectateurs de vos exploits que votre pratique n’est pas normale ».

Elle requiert 3 mois de prison avec sursis, 2000 euros d’amende et interdiction de conduire un aéronef pendant 6 mois.

« On ne doit pas juger au doigt mouillé »

Maître Paradan s’interroge « Est-ce bien ? Pas Bien ? Je n’en sais rien, le public n’en sait rien et le tribunal n’en sait rien. Il n’y a que lui qui sait. Un mauvais pilote est un pilote mort et nous avons trop peu d’expérience pour lui signifier ce qu’il faut faire ». Les deux vidéos ont été diffusées après 2019, « mais j’apporte la preuve que la première a été tournée en 2018 ; pour la seconde, je n’ai pas de date, mais c’est au ministère public d’apporter la preuve. On ne doit pas juger au doigt mouillé  » Et d’ajouter : «  Je produis ce jour une vidéo du PGHM. Ils font une manœuvre à moins de 5 mètres du sol, c’est bien qu’elle a une certaine utilité ! »

Le jugement a été placé en délibéré au 13 janvier 2023.