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sabelle, comment êtes-vous arrivée dans le monde de la bande dessinée ?
J’ai appris la BD à l’ENAAI (enseignement aux arts appliqués et à l’image, située au Bourget-du-Lac, Ndlr). Mais finalement j’ai trouvé cela très compliqué, très contraignant. Je n’avais pas de plan, si ce n’est gagner ma vie en dessinant. J’ai commencé dans la publicité et la communication avec plein de supports différents.
En 2006, j’ai rencontré les concepteurs de Science & vie découvertes, qui est le premier magazine dans lequel j’ai travaillé. J’ai commencé à faire pas mal de bouquins de commande destinés à la jeunesse : des cahiers d’activités, de coloriage, etc.
A quel moment le tournant a-t-il eu lieu ?
Le premier tournant a lieu en 2011, lorsque j’ai été contacté par Mr. Tan qui a imaginé le scénario de la BD Mortelle Adèle et ses personnages. Le projet a été suivi par les éditions Tourbillon.
Il m’a confié la création de l’univers graphique de cette série. J’ai conçu et dessiné l’image du personnage de Mortelle Adèle, à partir de croquis qu’il avait réalisés. J’ai illustré les sept premiers tomes de Mortelle Adèle, qui, à présent est dessinée par Diane Lefeyer. Pour résumer, je suis un peu arrivé dans la BD par accident ! (rires)
Vous dessinez également une série consacrée aux chevaux ?
Oui ! C’est une collaboration avec le scénariste Laurent Dufreney, une série BD qui s’appelle «À cheval !» Les héros sont des chevaux et on s’amuse à raconter de ce qu’il se passe dans un centre équestre à travers les yeux de l’animal. Le tome 9 est sorti le 31 août dernier.
A quelles autres BD avez-vous contribué ?
Toujours avec le même scénariste et le même éditeur, nous avons créé une BD qui s’appelle «Les cochons dingues». Sinon, en 2018, j’ai rencontré un autre scénariste, Kid Toussaint. Il a créé le personnage d’«Animal Jack» pour moi. On a collaboré pour une série de BD. Elle raconte l’histoire d’un petit garçon qui a le pouvoir de se transformer en tous les animaux. Ça marche très bien, on a sorti le tome 7, fin septembre.
Vous vous adressez à un public assez jeune ?
Je dirai que mes œuvres s’adressent aux enfants de 8 à 12 ans. On me dit souvent que mes personnages sont très expressifs. J’ai un dessin inspiré de Disney, puisque j’ai grandi dans cet univers.
Sur quels projets travaillez-vous pour les années à venir ?
Il y aura le tome 10 d’«À Cheval !» et je continue aussi la série «Animal Jack» en parallèle. Je travaille aussi sur un gros projet, complètement différent de ce que j’ai fait jusqu’à maintenant : il s’agit d’un western. Cette œuvre s’adressera plus aux adultes. J’aime bien les chevaux, cet univers un peu rude, ça me permet de donner un nouveau souffle à mon dessin.
Vous êtes la première femme à concevoir l’affiche du festival BD dans l’Ain, comment l’avez-vous dessinée et qu’est-ce que cela représente pour vous ?
J’ai déjà réfléchi à comment illustrer les gorges de la Valserine. Je suis parti sur le principe de dessiner plein d’animaux et une petite fille qui lit une BD. Finalement, les animaux apparaissent dans le ciel et c’est son imagination qui prend forme. A titre personnel, ça m’a fait vraiment plaisir, parce que c’est un festival très familial.
Cela illustre aussi que le monde de la BD est sous-représenté en autrices, c’est difficile d’en connaître les vraies raisons. Pourtant, il y a énormément d’illustratrices jeunesse… Mais, ce n’est pas rare du tout de se retrouver sur des salons où il n’y a que des hommes.
– Sortie de l’ENAAI (enseignement aux arts appliqués et à l’image) en 2003, Miss Prickly est devenue enseignante dans la même école quatre ans plus tard.
– A 40 ans, elle sera présente pour la troisième fois au festival BD dans l’Ain, qui se tiendra au centre Jean-Marinet, les samedi 26 et dimanche 27 novembre prochains.
Bibliographie :
– «À Cheval !» et «Les cochons dingues», séries BD conçues avec Laurent Dufreney, aux éditions Delcourt
– «Mortelle Adèle» (tome 1 à 7), avec Mr Tan, aux éditions Tourbillon
– «Les princesses» et «Les princes», avec Katherine Quenot, aux éditions Glénat
– «Animal Jack», avec Kid Toussaint, aux éditions Dupuis