Janry Varnel fut, dans les années 1980, un producteur et un animateur « vedette » de la Radio Suisse Romande, avant d’abandonner cette activité en plein succès pour devenir directeur de la Maison des Jeunes et de la Culture de Genève. Il rejoint ensuite la Télévision Suisse Romande, pour prendre le poste de responsable des programmes « jeunesse ». Parallèlement à ce riche cursus professionnel, Janry Varnel écrit des histoires qui, mises en musique par différents complices de talent, débouchent sur d’ambitieuses comédies musicales, interprétées par des enfants et jouées dans de grandes salles genevoises.
Du théâtre au Vuache depuis trois décennies
Plus localement, cet artiste dans l’âme, habitant le village de Chevrier, va semer sur les terres du Vuache des graines de théâtre qui vont connaître un prodigieux développement ! Une histoire qui commence en 1989, quand Janry et son épouse Anna, professeur de théâtre, vont imaginer un spectacle de rue en lien avec le bicentenaire de la Révolution française. Portés par un enthousiasme communicatif, ils vont entraîner dans cette aventure de nombreux habitants du village de Chevrier. Cette première réussie débouchera sur des envies de scène portées par des habitants du Pays du Vuache. Et comme un heureux hasard, les élus des communes de Vulbens, Chevrier et Dingy-en-Vuache construisent, à ce moment-là, le centre Ecla, qui sera doté d’une vraie salle de spectacle, sur les conseils du couple Varnel et de l’équipe de la MJC du Vuache. Tout était réuni pour que l’aventure théâtrale puisse se poursuivre.
À l’origine de la Troupe de l’Escapade
Elle se continuera de belle manière, avec des spectacles comme « Les fiancés du Rhône », « Neige », « La Savoyarde » ou « Le bar du bout du monde », des créations de Janry mises en scène par Anna, qui rassembleront des dizaines d’acteurs, danseurs et chanteurs, pour le plus grand bonheur de près de 2 000 spectateurs à chaque automne, présents dans les gradins de l’auditorium du Centre Ecla. Après ces grandes épopées, Janry et Anna poursuivront leur aventure théâtrale sous une forme plus intimiste et dans des lieux inattendus, comme une serre d’horticulture à La Joux (Valleiry), une ferme à Jonzier-Epagny ou une ancienne grange à Chevrier. Dans ce cadre, ils créent la Troupe de l’Escapade, avec à la clé des créations maison, dont la recette permet de venir en aide à des enfants malades ou handicapés de la région. Homme passionné par l’écriture sous toutes ses formes, Janry Varnel est aussi l’auteur de deux livres, « Neige » et « Un clown au paradis ».
Né à Genève en 1944, Janry Varnel est aussi l’auteur de 200 chansons, dont il a signé les textes, sur des musiques de Thierry Fervent, Cécile Paulin-Roig, Olivier Rogg, Alain Morisod, Bernard Giazzi ou José Barrenze-Dias. Certains de ses titres ont servi de bande originale à des films, comme la chanson « Seule avec soi », interprétée par Douce pour le long-métrage d’Henri Rappaz « L’aube ne s’est pas encore levée », sorti en 1972. Notons aussi quelques 45 tours pour enfants, comme « Ma dent », « Le bonhomme de neige », « Sur le chemin de l’école » ou « Deux petits lutins », interprétés par les jeunes Anne et Caroline (musique de Thierry Fervent).
Depuis quelques années, l’âge venant, Anna et Janry ont délaissé les grandes fresques pour donner à leurs créations une couleur champêtre et intimiste. Installé depuis 2017 dans la Grange à Henri, un improbable espace de spectacle créé dans une ancienne ferme rénovée du village de Chevrier, ils proposent chaque année une création originale.
Une nouvelle création en 2022
Après les succès de « Bio casse », « Bio space » et « Bio top », pièces narrant les exploits de trois mémés flingueuses qui se lançaient dans le grand banditisme, avant d’improbables voyages dans l’espace puis en Amazonie, ils ont joué cet automne « Poussière d’enfance ». Comme à l’habitude, l’histoire a été écrite par Janry et mis en scène par Anna, avec, sur l’estrade de la Grange à Henri, pas moins de douze comédiens de tous âges. Ces derniers, aux profils très variés, se croisent à la déchetterie et évoquent avec tendresse ou amertume leurs parcours de vies, entre bons et mauvais souvenirs. Beaucoup de nostalgie dans cette pièce où le temps qui passe et la vieillesse tiennent une part importante. Mais il y a aussi de l’humour, du rêve, de l’ironie, de la magie et de la philosophie, des thèmes récurrents dans l’univers de Janry Varnel, qui amènent une dose d’enthousiasme bienvenue au milieu de ces tristes containers et de ces personnages eux-mêmes bientôt recyclés. Jouée une dizaine de fois, « Poussière d’enfance » a, grâce à un profitable bouche-à-oreille, trouvé son public. Et sa recette a aidé des enfants malades.