Quel impact a eu la fermeture du tunnel du Mont-Blanc sur la qualité de l’air?

A partir des données d’Atmo, l’association Inspire a étudié l’impact de la fermeture du tunnel du Mont-Blanc sur notre air (Sources : Atmo Auvergne-Rhône-Alpes).
A partir des données d’Atmo, l’association Inspire a étudié l’impact de la fermeture du tunnel du Mont-Blanc sur notre air (Sources : Atmo Auvergne-Rhône-Alpes).

Du 17 octobre, 17 heures, au 7 novembre, 22 heures, le tunnel du Mont-Blanc a été fermé à la circulation routière pour une rénovation totale de sa dalle de roulement.

Curieuse de connaître l’impact sur les niveaux de pollution de l’air, l’association Inspire, présidée par Anne Lassman-Trappier en a profité pour effectuer une comparaison avec des périodes similaires d’années précédentes.

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Comment a été réalisée l’enquête

menée par Inspire ?

Afin de ne pas biaiser son enquête, l’association a écarté l’année 2020 de son étude. Souvenons-nous, cette année-là, le trafic routier et plus particulièrement le trafic automobile a été affecté par les restrictions liées à la pandémie, avec une période de confinement entre le 30 octobre et le 15 décembre 2020 qui avait particulièrement limité nos déplacements.

L’étude comparative porte sur la période comprise entre le mardi 18 octobre et le dimanche 6 novembre, et sur les années 2018, 2019 et 2021, en prenant en compte les jours de la semaine équivalents.

Si le facteur météo peut avoir une incidence considérable sur les concentrations de polluants, ce facteur n’a pas été analysé dans les graphiques, fait savoir Inspire. « Ainsi, cette année 2022 a été plutôt anticyclonique (ce qui aggrave la pollution de l’air), mais douce (ce qui favorise la dispersion des polluants). »

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Quel est l’impact

du trafic routier

sur la qualité de l’air ?

Les analyses ont été faites en prenant les données fournies par Atmo (l’observatoire de la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes) pour le dioxyde d’azote (NO2), le polluant émanant de la pollution routière.

Premier constat, « en moyenne, sur vingt jours, il ressort une baisse de 7 % des concentrations de ce polluant en 2022 par rapport à l’an dernier, une baisse de 31 % par rapport à 2019 et même une baisse de 50 % par rapport à 2018. » Nous pouvons en déduire que comme la circulation qui emprunte le tunnel est principalement un trafic de longue distance, l’amélioration de la qualité de l’air a sans doute été propice à l’ensemble du département de la Haute-Savoie, le long de l’A40.

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L’association fait donc remarquer : « Nous avons mieux respiré au pied du Mont-Blanc pendant la période de fermeture du tunnel. » Pour autant, elle estime que : « La circulation quotidienne des voitures et camions locaux représente un niveau de pollution de l’air important. »

Le trafic routier au tunneldu Mont-Blanc

– 617 000 poids lourds par an

– 850 000 voitures par an

– soit 1 700 poids lourds en moyenne par jour

– soit 2 300 voitures en moyenne par jour

– En novembre 2021, plus de 2 500 poids lourds en moyenne ont été recensés.

France nature environnement souhaite voir amorcer le report de la route vers le rail

Cette première période de fermeture du tunnel du Mont-Blanc sera sans doute suivie d’autres à partir de 2023. ATMB prévoit de refaire également la voûte intérieure du tunnel.

Le report vers le rail du fret routier traversant les Alpes se fera-t-il un jour?

Pour France nature environnement (FNE), ces fermetures programmées doivent être l’occasion « d’amorcer enfin le report vers le rail d’une partie du transport de marchandises à travers les Alpes. » Pour l’association, il est inacceptable de reporter les camions vers Chambéry et la Maurienne, « que ce soit d’un point de vue environnemental, comme sociétal. » FNE rappelle que le report modal figure parmi les trente actions prioritaires du Plan de protection de l’Atmosphère de la Vallée de l’Arve (PPA2). L’augmentation significative du prix des carburants et la pénurie de chauffeurs routiers ne seraient-elles pas là une autre raison d’engager ce report modal ?

Des solutions existent

L’association propose plusieurs dispositifs qui pourraient être mis en place. Citons la mise en place d’un système de bonus-malus expérimental, pendant trois ans, pour inciter les entreprises et les transporteurs à passer au ferroviaire. Ou encore un triplement de l’aide à la pince (transbordement des chargements de la route vers le rail) pour la traversée des Alpes, afin d’inciter les entreprises à les franchir par les rails. D’autres aides existent pour les transporteurs et pourtant elles sont trop mal connues d’eux, rappelle FNE, comme les Certificats d’économie d’énergie pour l’achat ou la location de containers, ou la nouvelle aide aux transports ferroviaires par wagons isolés, autorisée par la Commission européenne le 10 octobre dernier.