Un piéton a-t-il vraiment une espérance de vie de 20 minutes sur l’autoroute ?

S’il faut bien sûr être extrêmement attentif quand on est obligé de s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence, ce chiffre n’a pas de fondement.
S’il faut bien sûr être extrêmement attentif quand on est obligé de s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence, ce chiffre n’a pas de fondement. - (Wikimedia Commons)

Que disent les chiffres ?

En 2021, suivant le bilan de la Sécurité routière, 414 piétons ont été tués. Parmi les 114 tués hors agglomération, 32 le sont sur autoroutes, dont 17 sur la bande d’arrêt d’urgence. Il n’y a pas de bilan précis dressé du nombre de véhicules qui s’arrêtent chaque année sur la bande d’arrêt d’urgence. Mais l’on sait que sur le seul réseau autoroutier SANEF (qui gère notamment l’autoroute A1), 65 000 pannes ont été relevées en 2021. 17 tués pour des dizaines de milliers d’arrêts sur la bande d’arrêt d’urgence donc, en sachant que, après votre appel d’urgence, le dépanneur a légalement 30 minutes pour arriver sur le lieu du dépannage (et arrive rarement beaucoup avant), on est (heureusement) très loin du chiffre de 20 minutes d’espérance de vie sur la bande d’arrêt d’urgence.

D’où vient ce chiffre ?

Difficile de trouver l’origine de cette rumeur qui circulerait depuis les années 70, bien qu’elle ait été démentie à plusieurs reprises. Pour certains, cette « erreur » est due à une mauvaise interprétation de calculs : le chiffre de vingt minutes aurait été calculé sur les personnes décédées sur la bande d’arrêt d’urgence, et les statisticiens auraient mesuré qu’elles étaient mortes, en moyenne, au bout de 20 minutes, le chiffre ne prenant donc pas en compte tous ceux qui ne sont pas morts. C’est l’explication qui est par exemple reprise sur la page Wikipedia consacrée aux bandes d’arrêt d’urgence. Mais la fameuse étude qui calculerait que les quelques morts sur la bande d’arrêt d’urgence le sont au bout de 20 minutes est, elle aussi, introuvable.

Que dit la loi ?

D’abord, il est strictement interdit de s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence si l’on a d’autres choix. Le code de la route est formel : «  Sauf en cas de nécessité absolue les conducteurs ne doivent pas s’arrêter ou stationner sur les routes et les accotements, y compris sur les bandes d’arrêt d’urgence des autoroutes. Tout conducteur se trouvant dans la nécessité absolue d’immobiliser son véhicule doit le faire en dehors des voies réservées à la circulation et dans tous les cas, assurer la présignalisation du véhicule. S’il n’est pas en mesure de le remettre en marche par ses propres moyens, il doit faire le nécessaire pour assurer d’urgence le dégagement de l’autoroute ».

La circulation ou l’arrêt sur une bande d’arrêt d’urgence si l’on n’est pas en cas d’absolue nécessité est sanctionnée par une amende de 4e classe (135 € ramenée à 90 € en cas de règlement rapide) et un retrait de trois points sur le permis de conduire du conducteur. L’amende forfaitaire sera de 135 €, ramenée à 90 € en cas de règlement rapide. Tomber en panne d’essence et devoir s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence par exemple n’est pas considéré comme « absolue nécessité » et vous vaudra une contravention !

Que faire en cas d’arrêt sur la bande d’arrêt d’urgence ?

Attention, si la statistique des 20 minutes d’espérance de vie n’a pas de fondement, s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence est bien sûr très dangereux.

En cas de panne sur l’autoroute, il est recommandé de :

– s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence et mettre les feux de détresse,

– enfiler son gilet jaune et sortir du véhicule du côté opposé à la circulation,

– s’éloigner des voies de circulation et, si possible, se mettre derrière les glissières de sécurité,

– appeler les secours via les bornes d’appel d’urgence, le 09 708 08 709 ou encore le 112.

Attention : la mise en place du triangle de sécurité n’est non seulement pas obligatoire mais même fortement déconseillée, augmentant le risque d’accident.