Une trentaine de parents d’élèves de Thonon-les-Bains étaient présents à l’hôtel de ville mercredi 19 octobre. Ils ont répondu à un appel à manifester leur mécontentement face au manque de places pour le service périscolaire. « Beaucoup d’autres auraient voulu venir mais sont au travail », assure une manifestante aux élus et agents de la ville sortis sur le parvis. C’est une des problématiques qui les poussent à interpeller la municipalité : comment concilier travail et garde d’enfants sans la possibilité de les laisser au périscolaire. ‘‘Pas de garde = pas d’emploi’’, ‘‘Parent bientôt sans emploi’’, affichent notamment certains sur des pancartes.
La manifestation organisée mercredi 17 octobre devant l’hôtel de ville de Thonon a donné lieu à des échanges animés. En dépit de justifications apportées par le maire Christophe Arminjon sur le manque de place au périscolaire, l’incompréhension s’est fait ressentir du côté des parents venus protester.
Selon la Mairie, certains auraient réservé plus de créneaux que nécessaire, engorgeant les services. Mais « les professions qui sont au planning n’ont pas le choix », lance un père éducateur. De nombreux travailleurs obtiennent leur emploi du temps au dernier moment, explique-t-il, ce qui les contraint à réserver plusieurs créneaux.
« Une source de stress »
Beaucoup s’indignent d’être laissés dans une situation inconfortable. Face à eux, les élus proposent de raccourcir les plages disponibles à l’inscription, actuellement sur toute une année. « Cela ne fait que reporter le problème, fulmine une mère infirmière. Savoir si on va avoir un créneau ou pas, c’est une importante source de stress, que ce soit pour l’année, un trimestre ou un mois, c’est pareil… »
À court terme, le redéploiement d’agents d’autres services communaux vers le périscolaire permet d’accueillir tout le monde jusqu’à fin décembre. Le père d’un enfant renchérit : « Quid de la qualité de cet accueil ? » La municipalité l’assure, ce personnel est formé pour assurer l’accueil périscolaire. Néanmoins, Christophe Arminjon ne le cache pas, « pour le moment, nous sommes dans l’urgence, la priorité est d’accueillir tout le monde ».
Un manque de communication
Les voix s’élèvent, et les reproches fusent. Le manque de communication est à l’origine des tensions accumulées depuis la rentrée, selon les parents. « Vous saviez depuis juillet que les places allaient être limitées. On ne nous l’a annoncé que début septembre. » La Mairie propose que des parents soient désignés dans chaque école. Le collectif formé sera invité à échanger avec les élus en commission pour travailler sur des solutions durables.
« Le maire se défausse en rejetant la faute sur une poignée de parents qui ont pris trop de créneaux. Il devait déjà y en avoir les années précédentes. On stigmatise une minorité. Un groupe de concertation est proposé, ça aurait pu être fait bien plus tôt », résume une représentante des parents d’élèves du groupe scolaire de la Grangette, restée sceptique après cet échange de près d’une heure.
Depuis la rentrée scolaire de septembre 2022, le nombre de demandeurs dépasse le nombre de places disponibles. Par conséquent, de nombreux parents doivent trouver une alternative, pour la plupart dans l’urgence.
« Une demande inédite »
Le maire de Thonon, Christophe Arminjon, a tenté d’apporter des explications. « Nous faisons face à une hausse inédite du nombre de demandes pour le service périscolaire, de l’ordre de 20 %, qui n’est pas en lien avec la hausse des effectifs scolaires de 3 % », a-t-il répété à plusieurs reprises à ses interlocuteurs qui lui reprochent un manque d’anticipation : « Quand on construit, ça veut dire que du monde arrive, il faut que les services suivent. »
Une capacité maximale a été fixée sur chaque créneau. Un ajout au règlement nécessaire, selon le maire, mais qui s’est accompagné d’un « effet pervers ». Certains parents auraient inscrit leur enfant par précaution sur des créneaux dont ils n’avaient pas vraiment besoin. Un argument qui ne convainc pas. « Certains se sont retrouvés sans place avant même que nous ne soyons informés des quotas, annoncés le 6 septembre », rétorque une mère.
Solutions d’urgence et à long terme
Les élus sont aussi venus faire plusieurs annonces. « Depuis lundi 17 octobre, nous sommes en mesure d’accueillir tout le monde. On a pu s’adapter en catastrophe en mobilisant d’autres agents de la ville sur d’autres domaines comme l’extra-scolaire et les centres sociaux », assure Christophe Arminjon.
Ensuite, le règlement sera modifié en novembre pour essayer de « déjouer la stratégie de précaution de certains parents ». Les inscriptions ne pourront plus se faire sur l’année mais sur des périodes plus courtes.
Enfin, la municipalité veut « demander plus de renseignements sur la composition de la famille et les situations des parents ». La Mairie se risque ainsi à l’instauration de « critères à pondérer ». En clair, une priorité à l’inscription au périscolaire va être instaurée, sans toutefois en restreindre l’accès. Une méthode qui rappelle fortement celle mise en place sous le mandat de Jean Denais, en 2011, s’agissant cette fois de l’accès à la cantine.