En rencontrant des éleveurs de moutons Thônes et Marthod, race ovine originaire des Savoie, Sandrine Chandevault s’est rendu compte que la laine des bêtes n’était pas utilisée.
Avec trois autres femmes, elle décide de créer l’association Défrise ton mouton en 2021, avec pour ambition de revaloriser la laine de ses moutons, qui ne trouve plus preneur. « Cette laine ne vaut plus rien, la Chine ne la prend plus car ils ont des stocks trop importants depuis le Covid, déplore Sandrine Chandevault, à l’origine de la création de Défrise ton mouton. Les éleveurs ne savent pas quoi faire de la laine, les déchetteries ne la prennent pas, alors que l’on peut tout faire avec ! »
L’idée est donc de faire « redécouvrir ce savoir-faire et faire connaître tous ses métiers qui existent autour de la laine en favorisant les circuits courts ».
200 kg de laine transformées
Un savoir-faire qu’elles ont dû apprendre pas à pas pour la plupart d’entres elles, à l’image de Sandrine, assistante des ventes dans les énergies renouvelables dans la vie professionnelle. « Au tout début, les éleveurs m’ont donné 100 kg de laine que j’ai dû nettoyer dans une rivière », se souvient-elle.
Aujourd’hui, les quatre bénévoles (deux sont éleveuses de Thônes et Marthod et l’autre feutrière) sont rompues à l’exercice et ont pour principale préoccupation la récupération d’une laine la plus propre possible. « Pour cela, nous préférons la tonte de septembre, quand les animaux descendent de l’alpage. On aimerait constituer une équipe de trie pour pallier à la demande ».
Effectivement, le succès est au rendez-vous : « L’année dernière, nous avons trié 200 kg de laine que l’on emmène dans une filature en Ariège où elle est cardée (sorte de peigne) », détaille Sandrine Chandevault. La laine est récupérée sous forme de nappe de 1 kg et principalement vendue à des feutrières partout en France.
Le souhait le plus cher de ces passionnées serait que cette laine provenant d’éleveurs haut-savoyards soit transformée localement. « Nous aimerions qu’elle puisse être de nouveau transformée dans la filature Pallud, c’est pour cela que nous nous sommes associés ».
La race de mouton Thônes et Marthod est une brebis rustique savoyarde qui servait autrefois notamment à maintenir une température et hygrométrie constante dans les caves à reblochons. Dans les années 1930, on comptait quelques 32 000 brebis dans nos vallées (Savoie et Haute-Savoie). Pourtant, elle a failli dispaître dans les années 1970, mais des éleveurs se sont organisés pour relancer et sauvegarder la race.
En 1992, l’Union des éleveurs de la race Thônes et Marthod est créée. Aujourd’hui, elle compte une soixantaine d’éleveurs et 7 300 brebis, appréciées autant pour leur lait que pour leur viande.
