La Léchère
L’aventure démarre alors que 2 frères du Valais suisse ouvrent leur entreprise de mécanique à Villargerel, petit village jusqu’alors plus marqué par l’activité agricole. Les pièces sont usinées « à la main » et ne manquent pas d’attirer l’attention du groupe Pechiney, demandeur de ce savoir-faire artisanal. Dans les années 90, une 2nde génération vient rejoindre la première. Daniel Schouvey suit alors son père et son oncle. L’entreprise accueille de nouveaux collaborateurs et, en 2003, déménage sur La Léchère afin de se rapprocher de ses clients. 18 ans plus tard, Daniel Schouvey transmet son entreprise à un jeune repreneur natif de Tarentaise, Thibaut Samson, avec lequel il partage la passion de la mécanique.
Pourquoi avoir repris l’entreprise Schouvey ?
« 2021 a été une année de changement pour beaucoup de gens, j’en fais partie. » confie Thibaut. « J’ai travaillé dans différentes industries et ai toujours été passionné de mécanique. Je souhaitais depuis quelques temps reprendre une entreprise. Daniel Schouvey souhaitait quant à lui prendre sa retraite. Bien qu’il ait un fils, celui-ci n’a pas souhaité reprendre l’affaire familiale. Dans cette entreprise, on réalise des séries de pièces très petites, parfois même à l’unité. Cela demande de réelles compétences, et savoir se renouveler car les demandes ne sont jamais les mêmes. C’est ce que je recherchais. »
Pour qui travaillez-vous ?
« Nous travaillons principalement en local avec les industries de Savoie (Ugitech, MSSA, Tokai Cobex, stations de ski, installation hydroélectrique) et des départements voisins (groupe FerroGlobe). Nous intervenons autant sur le remplacement et la maintenance de pièce que sur la fabrication de prototype et ce quelle que soit la matière (aciers, bronze, aluminium, plastique etc…). Historiquement, Ugitech est notre plus gros client et nous en sommes fiers. Suite à l’accident survenu au début de l’année 2022, il y a eu une période compliquée mais nous travaillions toujours. Il y a beaucoup d’activité sur la vallée de la Tarentaise et notre implantation nous permets d’être réactifs et de proposer un service de proximité. »
Pourquoi votre activité est-elle si particulière ?
« Nous réalisons de très petites séries. La difficulté réside dans le savoir-faire. Parfois la pièce qui nous est demandée n’a jamais été réalisée, ou bien, nous ne connaissons pas nécessairement l’utilité finale que celle-ci aura. Il faut être extrêmement minutieux, respecter les dimensions, et en fonction des opérations à effectuer sur la pièce, être au point sur l’ordre et la manière de les réaliser car elles sont complexes et nombreuses. Nous ne prévoyons que la quantité de matière nécessaire à la réalisation de la commande, un loupé peut avoir de sérieuses répercussions. Après la conception, il y a l’installation chez le client et, si besoin est, les retouches. »
Quelles difficultés rencontre votre domaine professionnel ?
« Même s’il est compliqué de se projeter sur le long terme au vu de l’actualité, notre secteur se porte bien ! Cependant nous peinons à trouver de la main d’œuvre qualifiée. Actuellement nous sommes une dizaine de personnes. Chacune est un pilier de notre organisation et est importante. Nous dépendons de la convention collective de la métallurgie, ce qui reste attractif. Même si l’apprentissage a redoré son étiquette, nous attendons avec impatience la mise en place de l’UIMM de Frontenex qui prévoit des formations en mécanique et en usinage. Il n’y a pas que les usines et les stations qui recherchent, notre domaine aussi souhaite transmettre ses compétences ! Notre métier n’est pas compliqué, mais force est de constater que tout le monde n’est pas fait pour être tourneur-fraiseur car il faut être manuel, aimer les calculs et surtout, être passionné ! »
« Nous avons réalisé des freins de tyrolienne pour la SETAM de Val Thorens. C’était un prototype qui a ensuite été breveté. Nous sommes très fiers de l’avoir réalisé. C’est un élément de sécurité soumis à des conditions météo rudes, on sent que notre travail est utile, qu’il a un sens, que c’est du concret ! Comme pour les galets du téléphérique de la Cîme Caron, on se sent impliqué et responsable de notre réalisation et de son efficacité. »