Moûtiers: il retrouve sa langue devant la juge, trop tard

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Il y a deux jours, Jamal est placé en garde à vue pour le vol de bouteilles d’alcool en flagrance. Il refuse de parler aux gendarmes. En étudiant son dossier, les forces de l’ordre se rendent compte que le jeune homme est recherché depuis un an et demi pour une affaire de violences conjugales. Là aussi il se tait. Tout comme il va demeurer silencieux quand on le questionne sur une affaire d’extorsion commise en 2021 à l’égard d’un mineur : il l’aurait molesté pour lui subtiliser son portable. Faute de coopération de sa part, le parquet choisit de le placer en détention provisoire et le faire passer en comparution immédiate : « C’était la seule manière d’être sûr de le voir passer devant le tribunal, indique-t-il ».

La juge relate : le prévenu a attendu sa victime à la sortie du restaurant dans lequel elle travaille, l’a rejoint et serrée dans un coin avant de la gifler pour lui soutirer son portable. Elle a fini par s’enfuir puis a porté plainte. « Elle vous a reconnu expressément sur tapissage ». À la surprise du tribunal, Jamal sort de sa réserve et explique : « C’était un jeune qui avait une dette de stupéfiant. Je lui avais envoyé un message pour qu’il me rembourse, il ne m’a même pas répondu. Je me suis rappelé à son bon souvenir en le giflant. Je suis surpris qu’il ait porté plainte car il m’a payé ce qu’il me devait la semaine suivante ».

«  Sur la vidéo, explique la procureure Goutagny, on le voit traverser la route de manière déterminée et se rapprocher de la victime. Lui dit que c’est pour réclamer une dette de jeu ; elle que c’est pour lui voler son portable. S’il avait parlé avant, j’aurais convoqué le mineur pour avoir sa version. Toujours est-il qu’on lui court après depuis un an et demi et qu’il ne coopère pas. Vu les dispositions dans lesquelles il est, je demande dix mois de prison avec mandat de dépôt ».

Maître Rey déplore que son client ne se soit pas exprimé lors de sa garde à vue mais assure : «  Vous allez le condamner à une amende pour des violences sans incapacité de travail, pas pour extorsion ».

Le tribunal a opté pour 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.