Le « Rapport de surveillance de la santé périnatale en France », publié le 20 septembre 2022 par Santé Publique France, et qui couvre une période d’étude de 2010 à 2019, « décrit de manière inédite, dans une analyse multisources, l’évolution de la santé périnatale pour la période 2010-2019 (2014-2019 pour Mayotte) ». Il « apporte des éléments de connaissances nécessaires à une vision et compréhension globale de la santé périnatale au niveau national et des territoires, avec une attention particulière portée aux départements d’outre-mer ».
Si la santé de la femme enceinte, du fœtus et du nouveau-né lors de la période allant de la grossesse au post-partum, connaît toujours un niveau élevé de prise en charge, l’étude menée fait état d’un certain nombre de dégradations.
Le taux de natalité en baisse
C’est le cas dans toutes les régions de France, sauf en Guyane. En 2010, le nombre des naissances en France était de 841 000, il est retombé en 2019 à 733 000 (« Le taux de natalité qui était à 135 p. 1000 hab. en 2010 est passé à 125 p. 1000 hab. en 2019 ») Diminution de la population de femmes entre 20 et 40 ans, la fécondité chez les jeunes femmes, augmentation de l’âge maternel d’accouchement, il est passé de 29,4 ans en 2010 à 30,1 ans en 2019, sont les principales raisons avancées pour expliquer le phénomène. Avec en parallèle, la précarité des femmes enceintes. Situations irrégulières, mères sans abri, sans couverture par l’Assurance maladie, autant de situations fragilisantes qui impacte la courbe des naissances.
Des facteurs de risque
Le tabagisme : en France, le nombre de femmes qui ont arrêté de fumer n’a que peu évolué, le pays restant en Europe le plus élevé en nombre. « L’exposition au tabac durant la grossesse est un facteur de risque majeur de morbidité maternelle (placenta prævia, grossesse extra-utérine…) et fœtale (faible poids à la naissance, prématurité…) », indique le rapport de Santé Publique France.
L’obésité : en France, 17 % de la population est en situation d’obésité avec 2 % de femmes. « Entre 1998 et 2016, à partir des données des enquêtes nationales périnatales (ENP), la proportion de femmes ayant accouché avec un IMC normal avant grossesse a diminué, passant de 68,0 % en 2003 à 60,8 % en 2016 », constate le rapport.
Diabète et hypertension sont aussi des facteurs de risques et de complications pour la grossesse et pour l’accouchement. « Les désordres hypertensifs et le diabète gestationnel représentent les principales causes de morbidité et de mortalité materno-fœtales. Les désordres hypertensifs sont une cause de morbimortalité maternelle et fœtale pour près de 7 % des grossesses en France. Leur prévalence est très hétérogène sur le territoire avec une fréquence particulièrement élevée dans les DROM. »
Moins d’épisiotomies et autant de césariennes
Le taux de césariennes est stable depuis 2012, autour de 20,2 % quand le taux d’épisiotomies a, lui, assez nettement baissé pour les primipares de 29,5 % en 2010 à 10,0 % en 2019 et pour les multipares de 10,5 % à 2,7 % sur la même période.
En France, et pour toutes les raisons de situations à risques (tabac, obésité, diabète, hypertension, infections, âge maternel, génétique, grossesses multiples ou rapprochées), « le taux de prématurité était en hausse depuis les années 1990 et est passé de 4,5 % en 1995 à 6,0 % en 2016 ».
La hausse de la mortalité néonatale
« Entre 2012 et 2019, les taux de mortalité périnatale pour la France ont peu varié : entre 10,6 et 10,7 pour 1 000 naissances. En métropole, les taux sont inférieurs à la moyenne nationale : 9,4 pour 1 000 naissances en 2012 et 9,2 pour 1 000 naissances 2019. Les taux sont bien plus élevés dans les DROM : 19,8 pour 1 000 naissances en 2012 et 21,0 pour 1 000 naissances en 2019. » Une stabilité qui n’empêche pas une certaine hausse de la mortalité néonatale : « Entre 2010 et 2019, les taux de la mortalité néonatale3 ont varié entre 1,6 p. 1000 naissances vivantes et 2,0 p. 1000 NV pour la France entière. En métropole, les taux sont semblables à la moyenne nationale : entre 1,6 pour 1 000 NV et 1,8 p. 1000 NV en 2010 et 2019 respectivement. Dans les DROM, la mortalité néonatale est plus élevée et a varié entre 3,3 pour 1 000 NV en 2010 et 4,1 pour 1 000 NV en 2019 ».