Une légende du cinéma nous quitte
À bout de souffle, Le Mépris, Pierrot le Fou, Une femme est une femme, Alphaville, Deux ou trois choses que je sais d’elle, Détective, Je vous salue Marie… Jean-Luc Godard qui quitte l’humanité à l’âge de 91 ans ce mardi 13 septembre 2022, aura été tout ce cinéma, cette Nouvelle vague et tout à la fois, un précurseur, un penseur, un agitateur et militant, riche de coups de gueule et de passion, subversif et révolutionnaire. Jamais là où on a pu, espéré l’attendre, il a imprimé tout l’art cinématographique français, mais aussi international où il était particulièrement vénéré, notamment aux États-Unis.
Icône, légende, il est entré cette fois dans l’éternité du 7e art. À la fois adulé et controversé, auteur d’une œuvre, de positions et de propos aussi bien aimés que détestés. Truffaut dira de lui : « Jean-Luc Godard n’est pas le seul à filmer comme il respire, mais c’est lui qui respire le mieux. Il est rapide comme Rossellini, malicieux comme Sacha Guitry, musical comme Orson Welles, simple comme Pagnol, blessé comme Nicholas Ray, efficace comme Hitchcock, profond, profond, profond comme Ingmar Bergman et insolent comme personne. » Alors que Philip Roth, écrivain américain se fendra d’un « À l’exception d’À bout de souffle, qui a eu une importance indubitable, son travail me semble insupportable ».
Caméra au poing
On ne manquera pas de se souvenir du Festival de Cannes en 1968 où avec d’autres réalisateurs, il monte sur scène, participe à des débats houleux et réclame la fermeture du festival.
Sa caméra était son arme, le prolongement de sa pensée et jusqu’au bout il ne manquera pas d’être de son temps, d’être un passeur et un porteur de sens. Quoique bien souvent incompris, obscur et vénéneux.
Quelques éléments biographiques
Jean-Luc Godard, né le 3 décembre 1930 à Paris d’une famille protestante, d’un père médecin, et d’une mère issue d’une famille aisée et mondaine, qui s’est dans sa jeunesse passionné pour la peinture, a commencé sa carrière comme critique de cinéma dans des revues comme Les cahiers du cinéma ou Arts. Il s’attaque à des courts-métrages et en 1959 réalise son premier long-métrage A bout de souffle. Un immense succès, la pierre fondatrice de la Nouvelle vague. Il poursuit avec de nombreux autres films très connus, Une femme est une femme, Le Mépris en 1965, Alphaville (film de science-fiction), Pierrot le Fou toujours en 1965, considéré comme un de ses chefs-d’œuvre. Après 1968, l’homme entre dans la marge, se politise, s’éloigne du cinéma.
Auquel il reviendra assez rapidement en 1980 avec Sauve qui peut la vie. Ours, Oscar, César, Lion, prix du jury, Palme d’or, l’homme est titré, capé, mais toujours resté, malgré quelques fulgurances médiatiques, à l’écart du mouvement cinématographique et artistique général. Premier film en 1960 : À bout de souffle, dernière réalisation en 2018 : Le livre d’image, deux titres, deux concentrés de ce qu’aura été l’ovni Jean-Luc Godard.