Le procès d’un des attentats les plus meurtriers de France s’ouvre aujourd’hui

Le parcours meurtrier du terroriste Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglas à Nice.
Le parcours meurtrier du terroriste Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglas à Nice. - Photo Wikipedia

Le drame

C’est jour de Fête nationale ce 14 juillet 2016, la météo est clémente, il est aux alentours de 22 h 30 et les Niçois et autres visiteurs, plus de 30 000 personnes, s’étaient massés pour la soirée sur la Promenade des Anglais. La tranquille et joyeuse promenade va soudain virer au cauchemar avec l’irruption d’un poids lourd de livraison et de 19 tonnes, lancé à plus de 90 km/h. Qui force le barrage de police sécurisant toute la partie de voie interdite à la circulation et fonce dans la foule en faisant des embardées de droite et de gauche. De la chaussée au trottoir, avec la volonté évidente de percuter le maximum de personnes. Au bout de sa course folle, le chauffeur de l’engin prend un pistolet et tire sur des policiers présents. Qui ripostent sans parvenir à stopper complètement le camion.

La route meurtrière du chauffeur et de son poids lourd est enfin stoppée devant le palais de la Méditerranée, les pneus et le pare-brise criblé de balles. Là, les policiers parviennent à abattre le conducteur. Il est 22 h 50, les morts et les blessés jonchent les lieux. 86 personnes, dont 15 mineurs, ont été tuées et environ 400 personnes blessées plus ou moins grièvement.

Six ans après ce drame qui a endeuillé, meurtri, traumatisé nombre de familles, la ville de Nice et toute la France s’ouvre le procès d’un attentat d’une violence inouïe. Le deuxième attentat le plus meurtrier en France. Après celui du 13 novembre à Paris.

Le tueur

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel est âgé de 31 ans, il est natif de Sousse en Tunisie. S’il est déjà connu par son passé violent, il a déjà été condamné (en mars 2016) pour violences volontaires avec arme, il n’est en revanche pas fiché S et sa radicalisation a été signalée comme très rapide. Peut-être quelques mois ou semaines avant l’attentat. Des journées où il a consulté de nombreux sites internet liés à l’Islam et au terrorisme. Son épouse a dit de lui qu’il était violent et sadique. À l’encontre d’elle-même et de ses enfants durant des années. À l’époque des faits, ils étaient en instance de divorce. Ses proches l’ont alors décrit en état de dépression (il était sous antidépresseurs, anxiolytiques et neuroleptiques), marqué par le divorce, et de grande agressivité, fasciné par la violence. Il s’agit d’un homme qui a été maltraité par son père dans son enfance.

Avant de commettre son acte dévastateur, il a parcouru en 4 jours (entre le 11 et le 14 juillet), 180 km sur la Promenade des Anglais pour faire des repérages. Au volant de son camion et sans attirer l’attention malgré quelques infractions routières.

Le procès

8 suspects (7 hommes et une femme) sont jugés (l’un d’entre eux est absent, détenu en Tunisie sous mandat d’arrêt), ce lundi 5 septembre 2022, devant la Cour d’assises spéciale antiterroriste de Paris. Des accusés au rôle secondaire (trois pour association de malfaiteurs terroriste et quatre Albanais à divers niveaux pour avoir commis des infractions avec la mise à disposition d’une arme) en l’absence de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le chauffeur et principal auteur de l’attentat abattu au moment des faits. Le procès va se dérouler sur 64 jours jusqu’à mi-décembre. En présence de 865 parties civiles (sur 2 720 témoins et victimes auditionnés), et 133 avocats.

Les témoignages des victimes et familles de victimes, parties civiles, vont (durant un mois) tenir une place prépondérante et douloureuse dans cette audience fleuve.