Autoroute Machilly-Thonon : un projet qui fait du bruit

Selon l’Acpat, les études ont noté qu'un volume de 90 décibels est la norme pour une autoroute. L’association a donc reproduit le bruit des voitures, en utilisant une enceinte qui élevait au même volume qu’une vraie autoroute.
Selon l’Acpat, les études ont noté qu'un volume de 90 décibels est la norme pour une autoroute. L’association a donc reproduit le bruit des voitures, en utilisant une enceinte qui élevait au même volume qu’une vraie autoroute.

La pluie et l’orage ne les ont pas arrêtés. Samedi 3 septembre, dès 9 heures, des membres de l’association de concertation et de proposition pour l’aménagement et les transports (Acpat) étaient présents au Loyer, à Bons-en-Chablais, pour montrer et surtout faire entendre à quoi ressemblera le projet d’autoroute Machilly-Thonon.

« C’est une aberration »

Une rubalise symbolise le tracé hypothétique du projet autoroutier qui passera à travers champs et forêts, non loin des habitations. Pour ce qui est du son, des enceintes reproduisent le bruit d’une autoroute. « On émet ce son en direction des habitations, pour faire prendre conscience aux gens du coin qu’une autoroute va passer en dessous de chez eux et qu’ils entendront le bruit au même niveau qu’on va le mettre, c’est-à-dire 90 décibels », explique Jean-Pierre Burnet, co-président de l’Acpat.

Des curieux, des familles, des retraités, des passants se sont arrêtés pour discuter avec les membres de l’association. « Pour moi c’est une aberration, lâche Nathalie Peter. Je suis venue ici pour être au calme, pour avoir une tranquillité de vie. Et là, d’entendre continuellement le bruit que ça va faire, on se rend bien compte que ce projet n’a pas de sens. Je viens quasiment tous les jours me promener, méditer, j’ai beaucoup de respect pour les agriculteurs ici… Ce projet d’autoroute est une modernisation qui ne veut rien dire. »

Même son de cloche pour ce jeune couple installé il y a peu, non loin de là où l’autoroute doit passer. «  Par rapport à l’environnement, ça m’effraie de voir tout ce qu’ils vont détruire, la forêt, toutes les espèces qu’il y a à l’intérieur…, partage la mère de famille. On s’inquiète aussi de ne plus pouvoir aller se balader avec nos enfants, d’avoir une pollution sonore conséquente. »

Dans l’après-midi, les membres de l’association ont réalisé la même manifestation sonore à Margencel et Mésinges à Allinges.

Où en est le projet ?

Actuellement, le Département et l’Agglomération doivent choisir le concessionnaire. « Après le choix, il y aura l’autorisation environnementale, et à ce niveau-là, il y a des surfaces à compenser, indique Elisabeth Charmot, membre de l’Acpat. Par exemple à chaque fois qu’il y a une zone humide, il faut quatre fois la même surface à un autre endroit, pour refaire des zones humides. Dans le Chablais, comme on n’a pas beaucoup de foncier disponible, ce n’est pas possible d’en trouver suffisamment pour refaire quatre fois les surfaces impactées. D’autant plus qu’il y a aussi des surfaces agricoles qu’il faudra aussi compenser. »

Enfin, l’augmentation du coût des matériaux peut « rendre l’autoroute de plus en plus chère à construire. Le concessionnaire peut se rendre compte de lui-même que l’autoroute ne sera pas rentable, avec le Léman Express, et le BHNS (Bus à haut niveau de service, NDLR) qu’on espère. Ça ne sera plus intéressant pour les gens de prendre l’autoroute, si les tarifs augmentent trop. »