Malgré la pression exercée par Pékin, l’ONU a finalement publié son rapport – très attendu – sur les violations des droits humains exercées à l’encontre de la minorité ouïghoure, dans la région du Xinjiang en Chine. Selon le rapport, publié dans la nuit du mercredi 31 août au jeudi 1er septembre, la Chine a commis des abus qui pourraient correspondre à des crimes contre l’humanité.
« L’ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de membres des Ouïghours et d’autres groupes à prédominance musulmane (…) peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité », indique le rapport.
L’ONU juge notamment « crédibles » les accusations de torture et de violences sexuelles au Xinjiang et appelle, par conséquent, la communauté internationale à agir d’urgence. « Le rapport (…) contient des témoignages de victimes qui étayent la détention arbitraire massive, la torture, la persécution culturelle, le travail forcé et d’autres violations graves des droits de l’homme, et recommande aux États, aux entreprises et à la communauté internationale prendre des mesures en vue de mettre fin aux abus », détaille l’ONU.
Une possible enquête sur les crimes contre l’humanité
Si ce rapport ne semble pas comporter de révélations, par rapport à ce qui avait déjà pu être dévoilé par de précédentes enquêtes, il permet d’apposer le sceau de l’ONU à ces accusations de longue date.
Depuis 2017, les accusations internationales se multiplient à l’encontre de « centres de formation professionnelle » au Xinjiang, où se trouvent des membres de la communauté ouïghoure – un peuple turcophone et à majorité musulmane. Après une série d’attentats attribués à des islamistes ou des séparatistes ouïghours entre 2009 et 2014, Pékin aurait interné dans des « camps » au moins un million de personnes, majoritairement ouïghoures.
Sophie Richardson, la directrice de l’ONG Human Rights Watch pour la Chine, estime que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU « devrait utiliser ce rapport pour lancer une enquête exhaustive sur les crimes contre l’humanité du gouvernement chinois ». L’association Amnesty International exige également que le Conseil « mette sur pied un mécanisme indépendant international pour enquêter » sur ces accusations.
De la « désinformation » selon Pékin
Attendu depuis longtemps, ce rapport a fait l’objet de pressions, que ce soit de la part des États-Unis qui voulaient le rendre public, que du côté de la Chine, qui souhaitait empêcher sa publication. Dans un commentaire attaché au rapport, l’ambassade de Chine auprès de l’ONU déclare que ce dernier est basé « sur la désinformation et des mensonges fabriqués par les forces anti-chinoises » et qu’il « diffame et calomnie gratuitement la Chine et s’immisce dans [ses] affaires intérieures ».
Pékin dément les accusations de travail forcé et d’autres crimes, et affirme que les « camps » sont en réalité des « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les habitants de l’extrémisme religieux, et qu’ils seraient désormais fermés.