Le 25 juillet dernier, lors de la présentation de la délibération devant le conseil départemental, trois conseillers départementaux se sont opposés au projet. Parmi eux, la conseillère départementale du canton de Saint-Julien-en-Genevois et députée Virginie Duby-Muller. Elle s’explique sur sa décision de voter contre.
Un projet « indécent »
L’élue a tout d’abord tenu compte du contexte national et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages : hausse des prix de l’énergie, hausse des taux d’intérêt, inflation… « Dans ce contexte particulièrement inquiétant, il me paraît malvenu voire indécent d’examiner en urgence, et à titre principal, un projet coûteux d’accueil d’une manifestation sportive que peu de territoires réclament, et d’adjoindre à cet accueil, le projet de construction d’un vélodrome, qu’aucun club, comité départemental ou CDOS ne réclame en Haute-Savoie », argumente-t-elle. Elle qualifie d’« indécent » le chèque en blanc de 100 millions d’euros que réclame le président du Département.
Ainsi, le vélodrome que souhaite construire Martial Saddier, président du Département, serait « un équipement d’entraînement, qui n’incarne en rien l’excellence ou même les pratiques haut-savoyardes. » « Combien de licenciés dans des clubs de vélo, pour combien de licenciés dans le ski, pouvez-vous me le dire ? » A l’inverse, pour la députée, s’agissant du financement, par le Département, de la construction du siège de la Fédération française de ski à Annecy, de celle du centre national d’entraînement du ski nordique ou du stade de biathlon au Grand-Bornand, « les raisons s’imposaient naturellement , devant le nombre de licenciés, l’excellence des résultats des skieurs locaux. »
Elle poursuit : « Quel intérêt public à agir ? On parle d’argent du contribuable dans ce double projet, où on le voit bien, on nous impose de construire un vélodrome (…) Je m’interroge là aussi sur son utilité pour le territoire, pour nos pratiquants, je n’identifie pas d’intérêt départemental, d’autant que je rappelle que des équipements de cette nature existent déjà à Grenoble, Genève ou Aigle. » Elle s’interroge encore sur la consommation du foncier. « Notamment avec l’objectif de zéro artificialisation nette. »
Elle révèle également, que deux ans plus tôt (avant la présidence de Martial Saddier), le président de l’UCI et le président de la Fédération nationale de cyclisme étaient déjà venus proposer la candidature de la Haute-Savoie : « Le président du Département (Christian Monteil, NDLR) avait refusé d’accueillir cette épreuve car le coût apparaissait particulièrement démesuré au regard des retombées attendues. »
De même que le groupe de citoyens, elle dit préférer « la valorisation de nos pistes cyclables pour tous les Haut-savoyards et la sécurisation des nouvelles pratiques du vélo. »