Ouvert il y a trois mois, le Jardin de Cocagne d’Albertville accueille aujourd’hui huit salariés en réinsertion professionnelle. « J’ai été SDF pendant 30 ans, je vivais dans un camion aménagé, raconte Vincent Félix, l’un d’entre eux. Le foyer où j’habite m’a branché là-dessus, et j’ai trouvé ça sympa. » Le quinquagénaire est arrivé au Jardin de Cocagne le 27 avril, deux jours après son ouverture. Après avoir travaillé 20 ans comme charpentier et deux ans au Jardin de Cocagne de Chambéry, il est parti pour Albertville en mars, pour suivre sa femme et son fils de cinq mois et demi.
Son contrat se poursuit jusqu’au mois de juin 2023. Puisqu’il s’agit d’un chantier d’insertion, il ne pourra pas y rester plus de deux ans. « Ça m’embête de ne pas pouvoir rester. J’aime travailler en extérieur, c’est propre comme travail. Je m’entends bien avec tout le monde, et ici il y a de tous les âges, j’aime bien travailler avec les jeunes », ajoute Vincent Félix.
L’homme se montre fier des plantations et des travaux d’irrigation menés sur le site. « C’est du bio, et c’est varié. Je suis content parce que tout ce qu’on a fait fonctionne. » Il est tombé amoureux du travail en extérieur et de la terre : « J’aimerais rester dans des maraîchages ou travailler dans des espaces verts. Je ne retournerai pas dans le bâtiment, j’aimerais apprendre à conduire des engins comme des pelles mécaniques, pour les aménagements de parcs et d’espaces verts. »
Émilie Guyard, responsable de l’association Chantier Savoyard Solidaire qui porte le Jardin de Cocagne d’Albertville, décrit un bilan « très positif : on sait depuis 30 ans que le maraîchage fonctionne pour réinsérer des personnes professionnellement, et on le constate encore. Le lien à la terre ramène dans le concret, au bout de trois mois, on voit déjà des résultats. »
Les Jardins de Cocagne fonctionnent comme des exploitations maraîchères biologiques, à vocation d’insertion socio-professionnelle. Émilie Guyard est optimiste quant aux salariés d’Albertville : « Ils sont très motivés, intéressés, curieux, investis. Ils ont deux ans en tout pour retrouver un emploi plus classique. »
Les légumes produits par le Jardin de Cocagne sont disponibles au marché du tiers-lieu La Zofate, tous les mardis de 16h à 18h, au 911 chemin des Trois Poiriers.
« En ce moment, on récolte des aubergines, des tomates, des poivrons, des concombres », explique Émilie Guyard, responsable de l’Association Chantier Savoyard Solidaire qui porte le Jardin de Cocagne d’Albertville. Les employés ont également planté du céleri, des courgettes et différentes sortes de courges, comme des butternuts ou des potimarrons. Si l’objectif principal de l’association est d’accompagner des personnes en réinsertion professionnelle, les produits du maraîchage sont également commercialisés.
Avec le retour du tiers-lieu La Zofate juste à côté des 830 m2 de serre et des 5000 m2 de champs, un marché est organisé tous les mardis de 16h à 18h. La première édition s’est tenue mardi 19 juillet. « On constate une grande importance du lien à la terre, au vivant, au fait de consommer local, décrit Émilie Guyard. Les gens ont besoin de ça en ce moment. »
L’activité de maraîchage ne peut pas être rentable pour le moment : le terrain n’est pas assez grand pour cela. La responsable de l’association décrit la mise à disposition de ce terrain par la ville comme un « pari » : « C’est un poumon vert dans le quartier, ça apporte de la mixité sociale. L’idée, avec le Jardin de Cocagne et le tiers-lieu, c’est de créer un lieu de vie », précise-t-elle. Mais l’activité va se poursuivre, selon la responsable. « On ne va pas s’amuser à déterrer le réseau d’irrigation !, s’exclame-t-elle. Le terrain est valorisé pour une activité de maraîchage, désormais. »