Bourg-Saint-Maurice
Après avoir ajourné la partie de la délibération sur les tarifs des remontées mécaniques pour les gens de pays lors du précédent conseil municipal du 19 mai 2022, les élus du conseil municipal ont voté jeudi 30 juin 2022 le maintien des forfaits pour les habitants avec simplement une hausse de 4 % du tarif adulte (« pour correspondre à la hausse moyenne pondérée des tarifs », indiqua Laurent Chelle, deuxième adjoint lors de la présentation de la délibération).
Gérard Vernay, l’adjoint aux finances, a justifié la délibération en rappelant au préalable que les « conditions des chambres régionales des comptes et la jurisprudence actuelle s’opposent au maintien des tarifs spéciaux pour les habitants », ce qui en fait selon lui « une question d’envergure nationale et pas seulement locale ».
Face à ce contexte, l’adjoint a exposé deux attitudes possibles. Premièrement, « accepter la fin de ces tarifs et cogérer avec l’État leur remplacement par des systèmes de contournement qui sont parfois complexes, voire à leur tour illégaux, quand on suggère de faire acheter par le Centre communal d’action social (CCAS) des forfaits à prix cassés pour les redistribuer à tous les habitants. Alors que ce n’est pas le rôle du CCAS qui a un rôle social. »
Une seule solution logique et compréhensible
Deuxièmement, « s’opposer à leur disparition en évoquant des arguments de bon sens qui parlent aux gens », voie privilégiée par la commune dans sa délibération. Il a rappelé en effet : le caractère historique de ces tarifs qui datent de 1991 ; la cherté de l’immobilier et du coût de la vie à Bourg-Saint-Maurice ; l’ambition du ski pour tous afin de renouveler les pratiquants du ski. Il a avancé des arguments juridiques ensuite « basés sur la loi montagne de 1985 et sur des considérations propres à la commune », en indiquant que « nous engageons plus de 15 millions d’euros de travaux sur le funiculaire et que ces dépenses et d’autres, comme celle d’AB Tourisme, les navettes stations, les parkings, sont financées en partie par la contribuable, les recettes liées au tourisme étant insuffisantes. Les habitants ont donc droit à des tarifs particuliers. Car il reste toujours la question des gens qui ne peuvent pas se payer un forfait à 629 ou 730 euros, suivant les pass Classique ou Essentiel. Et ils sont nombreux. »
Il souligna que « s’il y a une remise en cause des tarifs spéciaux, c’est en partie à cause de la gratuité dont certaines stations ont abusé. Je rappelle que depuis notre élection, nous payons nos forfaits de ski comme tout un chacun ».
Laurent Chelle a mis en avant pour sa part que « ces aménagements tarifaires s’inscrivent dans la même logique que celle du pass insulaire qui permet l’accès de la population locale en Bretagne aux îles à des tarifs préférentiels. »
Même s’il n’y était pas obligé, le maire Guillaume Desrues a souhaité présenter sa stratégie de « ville apaisée » sous forme de délibération. L’opposition a voté contre.
Une limitation à 30km/h dès septembre
Car cette délibération n’est ni plus ni moins qu’une petite révolution pour les gens de Bourg-Saint-Maurice et les automobilistes qui traversent la ville. Puisque le cœur de ville va passer de 50km/h à 30km/h, y compris sur la traversée de la commune, la RD1090 à partir du 1er septembre. Le premier magistrat a invoqué pour ce changement l’accord de Paris et la nécessité de diminuer de 30 % d’ici 2030 les gaz à effet de serre et aussi le contexte international avec la guerre en Ukraine qui oblige à une sobriété dans les consommations énergétiques.
Une stratégie concertée
L’idée de la municipalité est de faire plus de place aux circulations douces. « Cette délibération nous montre un certain changement de vision de l’espace public, autrefois entièrement dévolu à l’automobile. Il s’agit de repartager ces espaces précieux. »
Outre le changement de vitesse de circulation, cela reviendra à « élargir les trottoirs à 2m dans tous les nouveaux aménagements et de favoriser le développement des pistes cyclables ». Mais, aussi « de réduire le caractère routier de la traversée de la ville en diminuant la largeur de la voirie au profit des aménagements cyclables et des espaces publics », a exposé Guillaume Desrues.
Ces propositions ont été élaborées suite à une concertation avec les habitants dans le cadre de la réalisation du schéma directeur de la mobilité. « Cela a mis en évidence des pollutions sonores importantes ainsi qu’un sentiment d’insécurité pour les usagers piétons et cyclistes », a poursuivi l’élu.
Un impact nul sur la circulation
Frédéric Bataille, élu d’opposition a estimé, « pour moi, 50k m/h ce serait mieux, parce que j’ai essayé hier à 30km/h, c’est vraiment très, très lent. Je ne sais pas quel impact ça va avoir sur la circulation. » Guillaume Desrues a indiqué que des mesures avaient été réalisées sur ce point. « En journée, ça ne change pas le temps de traversée de la commune. On est à 3,25 min. La vraie différence, c’est de nuit et ça se mesure à une vingtaine de secondes d’écart entre les deux limitations. »
Frédéric Bataille a indiqué que « les gens vont rouler à la même vitesse. Le problème c’est la discipline. Il faudra des contrôles ».
Le maire a répondu que cela faisait partie « de la palette des aménagements qui vont être mis en place dans l’année. Ce sont des choses qui se font en partenariat avec le département. Je tiens à souligner que ce dernier a émis un avis positif sur cette délibération. » Cecile Utile-Grand, élue d’opposition et conseillère départementale, a précisé néanmoins que le département « avait certes émis en avis favorable mais que selon lui la distance était beaucoup trop longue et il allait être difficile pour les gens de tenir à 30km/h ».