Présidentielle à Valserhône : les réactions de Guy Larmanjat, conseiller départemental

Dans le canton de Valserhône, Guy Larmanjat et Anne-Laure Olliet avaient été élus aux dernières élections départementales, en 2021.
Dans le canton de Valserhône, Guy Larmanjat et Anne-Laure Olliet avaient été élus aux dernières élections départementales, en 2021.

Marine Le Pen (25,05 % des suffrages exprimés) est arrivée en tête dans le canton de Valserhône, lors du premier tour de l’élection présidentielle, devant Jean-Luc Mélenchon (24,23 %) et Emmanuel Macron (21,58 %).

« Vote anti-système »

« Marine Le Pen arrive en tête, sur le canton, mais pas de beaucoup, réagit Guy Larmanjat, conseiller départemental du canton de Valserhône, élu avec sa colistière Anne-Laure Olliet, aux dernières élections, en 2021. La très forte avance de Jean-Luc Mélenchon, sur Valserhône, lui permet de faire quasiment jeu égal. Marine Le Pen obtient 2 329 voix, Jean-Luc Mélenchon 2 252, soit 77 voix d’écart. Avec une «surperformance» de Marine Le Pen, dans certaines communes rurales. Je pense, notamment, à Injoux-Génissiat, ce qui est assez étonnant. Il faut aussi rajouter, également, les 7 à 8 % que fait Eric Zemmour, un peu partout. Donc, une véritable inquiétude, au niveau de ce vote très poussé, pour l’extrême droite. C’est un vote anti-système. Très souvent, dans les petites communes, Jean Lassalle ou Nicolas Dupont-Aignan, voire parfois les deux, font jeu égal avec Valérie Pécresse, voire la dépassent. C’est dire l’état des partis traditionnels, qui ne font plus du tout recette. Je ne parle pas du score du Parti socialiste qui était malheureusement attendu. Ces deux partis ont eu la très mauvaise idée de désigner des candidates parisiennes. L’une maire de Paris, l’autre présidente de la Région Ile-de-France. On amplifie ce vote anti-système avec ce genre de candidatures. Nos campagnes ont toujours l’impression qu’il y a des décisions pyramidales, que les choses leur sont imposées d’en-haut. Elles ont raison, c’est une vraie réalité. Avec ces deux candidatures, on a l’impression que c’est la capitale qui veut dicter sa loi au monde rural. Cela ne peut pas fonctionner. »

La responsabilité d’Emmanuel Macron

Pour le conseiller départemental, Emmanuel Macron, président de la République, porte la responsabilité de ce vote dirigé vers l’extrême droite. « Lorsqu’il a été élu, en 2017, il avait déclaré qu’il voulait faire baisser l’extrême droite. Or, au sortir de ce premier tour, l’extrême droite ne s’est jamais aussi bien portée. Sa présence au deuxième tour devient, malheureusement, habituelle. En sachant qu’il faut additionner les voix de Zemmour, l’extrême droite est dans une forme olympique ! Elle le doit, avant tout, au mépris que le président de la République a, pour la population. Et tout particulièrement pour les classes populaires et moyennes. De très mauvais signaux ont été envoyés, au cours de ces cinq dernières années, notamment avec la suppression de l’ISF (impôt sur la fortune immobilière, Ndlr), au niveau des Gilets jaunes, etc. […] Emmanuel Macron a beaucoup à réfléchir et pas mal à s’inquiéter pour le deuxième tour. »

Dichotomie entre les villes et les campagnes

Le canton de Valserhône laisse apparaître une dichotomie entre le vote de la commune centre (avec Jean-Luc Mélenchon en tête) et celui des autres communes de la CCPB (communauté de communes du pays bellegardien) qui ont placé, pour la plupart, Marine Le Pen en tête au premier tour. « Ce n’est spécifique au canton de Valserhône, soutient Guy Larmanjat. C’est la dichotomie entre les villes et la campagne. Elle est exacerbée lorsqu’on parle de Paris, de Strasbourg, de Lyon, des très grandes villes [...] Il appartient aux élus, et tout particulièrement aux élus locaux, de s’emparer de ces choses-là. On doit montrer, à nos concitoyens, qu’on est à leur écoute, partage leurs préoccupations, leurs inquiétudes. On doit essayer de répondre à leurs interrogations. On ne peut pas les prendre de haut. Depuis cinq ans, j’en veux à l’attitude du président de la République, Emmanuel Macron [...] Quand on est président de la République, on est au-dessus de la mêlée, on doit garder une certaine stature, un certain calme. Ce n’est pas lui qui fait le coup de poing. C’est lui, normalement, qui doit empêcher que le coup de poing ait lieu [...] Il lui appartient de modifier, à 180 degrés, son attitude. »

Et le conseiller départemental du canton de Valserhône de poursuivre : « Les gens savent ce qu’ils veulent. Hier (lundi 10 avril, Ndlr), Jean-Luc Mélenchon fait presque 28 %, à Valserhône. Les gens savent pourquoi, ils ont lu les programmes, ont écouté ce que les candidats disent. Quand ils ont voté Anne-Laure Olliet et Guy Larmanjat, aux dernières départementales, ils savaient que le canton de Valserhône serait bien défendu, qu’ils auraient des interlocuteurs, à leur écoute, présents sur le terrain. Aujourd’hui, nos concitoyens ne se déterminent plus dans des votes gauche-droite ou dans des dogmes. Il faut aussi que les élus sachent poser les dogmes. »

Quid des législatives ?

L’élu se projette déjà vers les prochaines législatives. « Le parti des Républicains est victime du même type de défaite que celle du Parti socialiste, il y a cinq ans. Ils n’ont pas su prendre la mesure de ces choses et en faire un enseignement pour eux-mêmes. Demain, pour les législatives, les Républicains, y compris dans l’Ain, terre ancestrale pour eux, sont dans une très mauvaise position. Les candidats des Républicains, aux législatives, vont partir sur une base de 5 %, même si leur coefficient personnel pourra leur permettre d’obtenir plus. Quant à la gauche, je crois que la leçon est très claire. Elle a deux messages à faire passer, au niveau de la population. D’abord, un message de solidarité. C’était celui de Jean-Luc Mélenchon, tout au long de la campagne des présidentielles. Et un message d’unité. Si la gauche avait été unie, non seulement Jean-Luc Mélenchon serait présent au deuxième tour de la présidentielle, mais surtout, il aurait pu sortir en tête du premier tour, et créer une véritable dynamique. Il nous appartient de savoir, pour les législatives, présenter des candidatures d’unité. Dans l’état de délabrement des Républicains, aujourd’hui, en France et dans l’Ain, et avec le bilan que les candidats LREM (La République en marche, Ndlr) vont devoir soutenir, face à la population, je pense qu’une gauche unie ne devrait pas être ridicule, y compris dans le département de l’Ain. »