Moûtiers
Dans la rue commerçante principale de Moûtiers, Grande rue, quatre cellules commerciales sont vacantes (trois boutiques de vêtements et accessoires et une boutique de décoration), ce qui ne passe pas inaperçu. « Ça donne une mauvaise image de la rue, alors que ce sont des gens qui ont choisi d’autres objectifs. Ce sont des choix personnels de faire autre chose sans se soucier du devenir de la rue », regrette une commerçante dont la boutique de vêtement est ouverte depuis plusieurs décennies et qui préfère rester anonyme. D’ailleurs, de nombreux commerçants de la Grande rue sont installés depuis plus d’une trentaine d’années . « Si ça fait autant de temps qu’on est là, c’est que ça marche, souligne cette même patronne ».
Un centre-ville différent des autres sans franchisés
Au magasin de vêtements pour enfants, la Clef des champs, la gérante ne dit pas autre chose. « Ça va, Je suis là, je paye mes factures, je n’ai pas de problème. Les gens pensent que c’est toujours mieux ailleurs. Les habitants de Moûtiers vont faire leurs courses ailleurs et les personnes de l’extérieur nous disent : « Quelle chance vous avez d’avoir des commerces indépendants! » ». Car à la différence d’autres centre-ville, à Moûtiers, les franchisés ne sont pas présents. Si à Albertville, on considère que le départ depuis la crise Covid de certains franchisés a fait baisser la fréquentation du centre, ce n’est pas le cas dans la cité du cœur de Tarentaise. «Les clients quand ils viennent en centre-ville, ils savent qu’ils vont trouver des produits différents. On a des clients qui viennent et reviennent parce que c’est plus personnel. Avec les franchisés, on aurait pas cette clientèle privilégiée », avance une autre commerçante qui préfère ne pas donner son nom.
Une fréquentation en diminution
Mais, certains commerçants déplorent un manque de clientèle. « Il n’y a plus de fréquentation dans le centre-ville de Moûtiers, assure Rachel Roche de l’Hymne aux parfums qui cherche à vendre. Ça fait 27 ans que je suis là, c’est frappant de voir à quel point il y a une désertification du centre-ville. Je ne sais pas pourquoi? Ça s’est fait progressivement. Le Covid n’a pas arrangé les choses ». D’ailleurs, pour certains commerçants, c’est le Covid qui est la cause de ce manque d’attractivité. « Les gens ont changé leurs habitudes suite au Covid, il va falloir s’adapter, se réadapter. On pourra pas sortir de deux années de pandémie sans prendre le temps de redonner confiance aux clients », ajoute une commerçante. A La halle presse-tabac qui propose aussi des vêtements le gérant constate : « Avant la saison d’hiver, dès qu’il y avait un peu de mauvais temps, les gens des stations descendaient à Moûtiers. Ce n’est plus le cas ». Pourtant, «certes, il y a une érosion de la fréquentation. Mais, les gens qui viennent ils achètent », assure une autre commerçante.
Des secteurs d’activité qui tirent leur épingle du jeu
D’ailleurs, le gérant de la presse-tabac qui fait aussi vêtement se dit satisfait de son sort: « Pour ma part, ça va bien ». Même sont de cloche chez Bruno Guidad au Grenier des Alpes, équipement de cuisine et coutellerie « Nous, ça va très bien. On ne se plaint pas. Vous venez en juillet et août, il y a plein de gens dans la rue, les jours de marché, c’est blindé le mercredi et vendredi. C’est sûr qu’en semaine, il y a pas beaucoup de monde autrement . Il y a des fois des gens qui disent : « Moûtiers, c’est mort » et moi je n’ai pas eu le temps de mettre le nez dehors, J’ai tout le temps eu du monde . Après, il y a des secteurs d’activité, comme les fringues qui sont compliqués ».
Activallées, la fédération des acteurs économiques de Moûtiers organise sa grande braderie de printemps vendredi 18 et samedi 19 mars 2022 au centre-ville de Moûtiers en même temps que le salon de l’Auto avec plus de 50 voitures exposées.
La parfumerie de la Grande rue « a l’impression d’être seule au monde. Notre bail est à céder. C’est une grande boutique. Pourtant, personne de la mairie n’est venu nous demander pourquoi on cherche à vendre ». Pourtant, le maire Fabrice Pannekoucke le souligne : « On met en place un certain nombre d’actions d’animations, mais la collectivité ne peut pas tout toute seule. Pendant la crise sanitaire, on a proposé des rencontres avec les commerçants plusieurs fois par an. Il y en a une dizaine qui se déplacent. Les bougons ne viennent pas ». Et d’ajouter qu’entre vouloir vendre et dire qu’on veut vendre il y a une différence. « Pour la parfumerie, je vais l’appeler pour lui proposer un acquéreur, mais je pense que ça ne fonctionnera pas. J’ai quelqu’un pour eux ».
Un magager de centre-ville entouré de tout un dispositif pour le centre-ville
Si sur les cellules vacantes de la Grande rue, il n’y a pas de projet d’acquisition par la mairie, le premier magistrat insiste sur le dispositif mis en place pour l’attractivité du centre-ville. « Depuis 2017, on a embauché un manager de centre-ville. Peu de commune de notre taille se payent cela. On travaille sur le commerce et sur l’attractivité en général (mobilité, logement, emploi...). On a écrit notre ambition, notre vision et on apporte des éléments d’accompagnement et d’investissement », poursuit l’édile qui détaille sa boîte à outils.
Outre la manager de centre-ville, il y a la maison de l’économie et du commerce où sont recensées les demandes d’installation, les projets d’investissement et de vente de local, le droit de préemption renforcée sur les fonds de commerce et les copropriétés ; l’adhésion à l’établissement public foncier local, le dispositif petite ville de demain entre autres.