Fuir. Partir en laissant tout derrière soi. Pour sauver sa peau et celle de sa petite fille. C’est ce qu’a fait Irina, une Ukrainienne de 41 ans. Au début de la guerre, sur fond de sirènes hurlantes, elles se sont cachées dans leur salle de bain puis dans les corridors de leur immeuble, pour être au plus loin des fenêtres.
Avant de prendre la décision, au bout de 5 jours, de quitter leur ville, Krivoï Rog, située dans le sud-est du pays (et ville de naissance du président ukrainien, Volodymyr Zelensky). C’était le 4 mars dernier. « On avait très peur. On est parties avec le strict minimum dans un sac à dos. On a pu prendre un train. Il faisait froid. A Kirovograd, des volontaires nous ont distribué des boissons chaudes et de la nourriture. Ensuite, on est allées jusqu’à Lviv. Il y avait beaucoup de réfugiés, c’était un peu la pagaille », raconte Irina.
Trop de monde pour passer la frontière polonaise
Elles prennent le bus jusqu’à la frontière polonaise mais, par moins 7 degrés, il va falloir attendre des heures et des heures, peut-être même des jours pour passer. Alors elles font marche arrière, pour une courte pause chez la mère d’Irina. « J’ai pris le temps de planifier, de regarder s’il valait mieux passer par la Hongrie ou la Moldavie. Finalement, nous avons pris un bus pour la Roumanie. On était très fatiguées alors malgré le coût, on a volé de Suceava (au nord-est de la Roumanie, NDLR) à Londres, puis Genève. Après 8 jours de voyage, on est enfin arrivées en France », poursuit la jeune femme.
Un travail et un toit pour se reconstruire
C’est chez David qu’elles trouvent refuge. Ils se sont connus il y a 15 ans, du temps où Irina séjournait en Suisse. Bons amis, ils sont toujours restés en contact. « Sans David, je ne sais pas où nous serions. Je lui suis tellement reconnaissante pour tout ce qu’il fait. » déclare-t-elle.
A peine arrivée, elle est allée se déclarer en mairie. Ensuite tout déprendra des mesures d’accueil que le gouvernement mettra en place pour l’accueil des réfugiés. Ce qui est sûr c’est que l’Ukrainienne veut aller de l’avant.« Je vais très rapidement chercher un job. Dans mon pays, je travaillais dans un magasin d’alimentation mais je connais aussi la restauration. Je ne veux pas rester trop longtemps chez David, alors il faut que je trouve un toit, pour moi et ma fille. Il faut aussi qu’elle aille à l’école. Je ne sais pas encore très bien comment on peut s’organiser. On va voir », annonce la quadragénaire dans un français parfait.
Reconstruire leur vie, même de façon temporaire, c’est ce qui fait avancer Irina aujourd’hui. Elle n’en oublie pas moins son mari et son frère qui sont sur le front et sa mère diabétique, qui n’a pas pu les accompagner.