Mardi 4 janvier 2022, le président de la République Emmanuel Macron, interviewé par Le Parisien (article abonnés) sur la situation actuelle et sur la présidentielle, a lâché la petite phrase qui fait mouche. Et qui déclenche des salves de réactions et d’analyses politiques.
« Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné »
Soulignant tout aussi volontairement : « un irresponsable n’est plus un citoyen ». De quoi bien alimenter le buzz médiatique et la polémique politicienne. Et de quoi suspendre une nouvelle fois, les débats à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de pass vaccinal qui avaient repris en soirée hier mardi 4 janvier.
Propos grossiers et accélérateurs de division dans la population ?
C’est ce que bon nombre de représentants politiques, notamment d’opposition, et de Français sont venus soutenir, s’indignant de tels propos et un tel manque de respect dans la bouche d’un président de la République.
Christiane Taubira « n’autorise pas le président à insulter les Français, à les monter les uns contre les autres et à désigner des boucs émissaires ».
De même pour Valérie Pécresse « Ce n’est pas au président de la République de trier entre les bons et les mauvais Français. Il faut les rassembler sans les insulter. Oui, il faut avoir le courage de dire la vérité mais l’insulte n’est jamais la bonne solution », s’affirmant à demi-mot, comme la solution au problème « il faudra mettre fin à ce quinquennat du mépris ».
Marine Le Pen, pour qui : « Emmanuel Macron est indigne de sa fonction », parle quant à elle, rien moins que de « guerre » menée à une partie des Français.
Jean-Luc Mélenchon, un des premiers à réagir sur Twitter, a lancé : « Le président maîtrise-t-il ce qu’il dit ? L’OMS dit «convaincre plutôt que contraindre». Et lui ? «Emmerder davantage». Consternant ».
Et d’autres lui apportent leur soutien. Comme Christophe Castaner qui indique sur Twitter « Emmanuel Macron veut emmerder les non-vaccinés, il porte une parole que beaucoup de Français partagent ».
Une pure stratégie politique et électoraliste à trois mois de la présidentielle ?
Eric Ciotti le dit ouvertement « C’est une stratégie électorale », rapporte Nice matin, « Là, le candidat qui apparaît dans cette interview (…) place sa candidature sous le signe d’une violence verbale assumée ».
« Cette phrase forte prononcée lors d’une interview aux lecteurs du Parisien [article payant] n’est ni anodine, ni innocente », commente-t-on sur France Info. Poursuivant l’analyse : « Ces mots n’ont pas été lâchés par imprudence. L’un des proches du président le confirmait mardi soir : «Ce n’est pas une petite phrase, c’est un raisonnement». C’est donc bien le fond de la pensée d’Emmanuel Macron, exprimé avec des mots crus pour marquer ».
Un raisonnement qui s’appuie sur la vision d’une majorité d’électeurs pro vaccins et prêts à apporter leur voix au président qui, s’il ne s’est pas déclaré officiellement, a dit qu’il avait « envie » d’être candidat.