Joséphine Baker, la première artiste et femme noire au Panthéon

Joséphine Baker danseuse, chanteuse, actrice, meneuse de revue. Femme libre et icône de la France.
Joséphine Baker danseuse, chanteuse, actrice, meneuse de revue. Femme libre et icône de la France. - Photos Flickr

La Cérémonie

Ce mardi 30 novembre 2021, 46 ans après son décès le 12 avril 1975 et date exacte de son acquisition automatique de la nationalité française par son mariage avec Jean Lion, le 30 novembre 1937, Joséphine Baker, ou plutôt son cénotaphe (un tombeau, un cercueil qui ne contient par le corps du défunt), remontera la rue Soufflot (architecte du Panthéon) à partir de 17 h 30. Dans le cercueil à la place du corps de l’artiste, sa famille n’ayant pas souhaité que l’on déplace son corps (elle est enterrée à Monaco aux côtés de son dernier mari), la terre de quatre lieux chers à Joséphine Baker : Saint-Louis, sa ville de naissance, Paris, sa ville de cœur, Les Milandes en Dordogne où elle a vécu longtemps et élevé ses enfants et Monaco.

Le cercueil sera porté par des aviateurs de l’Armée de l’Air Française où elle s’était engagée.

Au Panthéon, la cérémonie se déroulera avec une projection vidéo, la voix de Jospéhine Baker, un chœur d’enfants reprenant une de ses chansons. « J’ai deux amours », sa chanson la plus connue sera interprétée par la Musique de l’Armée de l’Air à l’arrivée du cercueil au Panthéon.

Et après des lectures des proches, le discours sera tenu par Emmanuel Macron le président de la République. Devant les 2 000 personnes invitées à l’événement. On peut lire sur le site de France 24  : « Le chef de l’État rendra hommage à cette « artiste de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste » qui « fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France comme (…) par le monde ». « Elle est l’incarnation de l’esprit français », a proclamé le chef de l’État en annonçant le 23 août son entrée au Panthéon. »

Elle sera installée dans le caveau 13 où réside déjà Maurice Genevoix, grand écrivain et poète français.

Joséphine Baker est la 6e femme à rejoindre le Panthéon. Avant elle : Sophie Berthelot, Marie Curie, Germaine Tillon, Geneviève De Gaulle-Anthonioz et Simone Veil. Son caveau ne portera mention que de son nom, sa date et lieux de naissance. 81 personnalités françaises sont installées aujourd’hui au Panthéon.

La vie foisonnante de Joséphine Baker

Une jeunesse dans une Amérique pauvre et raciste

Freda Joséphine Mc Donald, Joséphine Baker pour la scène, est née le 3 juin 1906 à Saint-Louis dans le Missouri (États-Unis). Issue de parents modestes, artistes de rue, elle passera son enfance entre école et ménage chez des gens aisés. Elle se marie pour la première fois en 1920 à l’âge de 13 ans (elle connaîtra quatre autres mariages dans son existence).

Passionnée de danse depuis toute petite, elle intègre une petite troupe d’artistes de rue avec qui elle connaît représentations et spectacles. Rêvant de Broadway, elle parvient au célèbre music-hall à l’âge de 16 ans et intègre différentes troupes de spectacles. C’est la rencontre avec Caroline Dudley Reagan, la femme de l’attaché commercial de l’ambassade américaine à Paris qui lui offre l’opportunité de venir en France. En 1925, avec le spectacle « Revue Nègre ».

La liberté et le spectacle

Un voyage de prise de conscience, une libération, entre une jeunesse dans un pays raciste et une France, après la Première Guerre mondiale beaucoup plus accueillante en pleine période des années folles et de la mode. Toute sa carrière internationale tournera dès lors, autour de la danse, de la chanson, dont la très fameuse « J’ai deux amours » et d’une douzaine de films.

L’engagement social et patriotique

Avec la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker consacre aussi son talent à chanter pour les soldats sur le front. Elle s’investit dans l’action de La Croix Rouge après être devenue agent du contre-espionnage français. Ses tournées, ses spectacles et sa facilité de circulation dans le monde lui permettent d’obtenir et de faire circuler des informations. Elle dissimule dans ses partitions des messages codés, transporte des microfilms.

Pour tous ses hauts faits de guerre et dans la Résistance, elle sera décorée de la médaille de la Résistance, de la Croix de guerre et recevra les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur.

La tribu arc-en-ciel

Elle se marie avec Jean Lion en 1937, acquiert la nationalité française et le château des Milandes en Dordogne. Où elle vivra de nombreuses années, y élevant douze enfants adoptés dans le monde entier. Sa « tribu arc-en-ciel : Akio de Corée du Sud, Janot du Japon, Jori de Finlande, Luis de Colombie, Jean-Claude du Canada, Moïse d’Israël, Brahim et Marianne d’Algérie, Koffi de Côte d’Ivoire, Mara du Venezuela, Noël et Stellina de France.

Après guerre et après son retour des États-Unis où elle n’a pas connu de succès, grâce à son amitié avec Christian Dior et Pierre Balmain, elle devient une égérie de la mode, une ambassadrice de la haute couture française.

Dans les années 50 à 70, elle soutiendra encore et toujours la cause afro-américaine, se rapprochera de Cuba et de Castro.

La ruine et la reconquête

Pour connaître ensuite à la fin des années 60, une longue période de difficultés personnelles et financières. Très soutenue par le monde du spectacle et du cinéma ainsi que par la princesse Grace de Monaco, elle parviendra à revenir sur le devant de la scène. Elle fêtera ses 50 ans de carrière en mars 1975 et sera victime d’une attaque cérébrale le 10 avril 1975. Conduite à l’hôpital, elle décédera le 12 avril à l’âge de 68 ans.