La vie ne fait pas de cadeau mais chacun reste libre de ses choix. C’est une leçon qui a coûté cher aux Chablaisiens jugés au tribunal de Thonon-les-Bains, lundi 6 septembre. Deux tristes affaires se sont succédé et dans les deux cas, les mis en cause arrivent menottés, escortés par les gendarmes. Tout d’abord, Jean-Baptiste, 39 ans, habitant d’Abondance, interpellé alors qu’il est à l’origine d’un épisode de violence à la terrasse du bistrot du village le jeudi précédent le procès. Il souffre de plusieurs pathologies depuis des années. Bipolaire, dépressif et angoissé, il se soulage avec de lourds traitements médicamenteux. Aussi avec des bières à 8,5ºC et du cannabis cet après-midi-là. Il est accusé d’avoir violenté sa conjointe, de l’avoir menacée de mort mais aussi d’avoir brutalement frappé et outragé les gendarmes qui sont intervenus.
Il roule vite et sans phare
Luis a 10 ans de moins mais il est lui aussi victime d’une terrible maladie : la toxicomanie. Accro à l’héroïne, l’habitant de Fessy a déjà été condamné à neuf reprises et a déjà fait plusieurs séjours en prison. Il est accusé d’avoir conduit sans point sur son permis et d’avoir refusé de s’arrêter à la demande de la police le 15 août dernier à Sciez à minuit et demi. Pour les éviter, il n’a pas hésité à rouler à 150 m/h en ville, puis à contresens tout feu éteint. Il était aussi jugé pour des faits antérieurs : conduite sous cocaïne et héroïne en 2020 et 2021 en récidive (déjà condamné à Thonon en 2019) et usage d’héroïne en récidive (déjà condamné en 2017). Le grand brun tout de noir vêtu est très pâle et parle peu. Venus le soutenir, ses parents sont en pleurs dans la salle. Ils ont amené un sac avec des vêtements au cas où.
« Personne ne le force à boire »
La mère de Jean-Baptiste est elle aussi venue avec un sac. Il a déjà eu des condamnations, des accès de violence, des moments où il est « incontrôlable », où cet homme aux pectoraux saillants d’1,80 m, 100 kg « fait peur ». Les gendarmes sont déjà intervenus plusieurs fois chez lui pour des violences conjugales, de l’herbe. Il possède plusieurs armes à feu. À la terrasse du café d’Abondance ce mardi de septembre, alcool et médicaments ne font pas bon ménage. Il ne se souvient de rien mais les images de la vidéosurveillance sont parlantes. Il reconnaît les mots et les coups. « Avec tous les problèmes que j’ai dans la tête, je fais comme je peux. » « Personne ne le force à boire, rappelle la substitut du procureur. C’est quelqu’un de très dangereux. » Le tribunal était d’accord : il a été condamné à 18 mois de prison ferme dont 6 mois de sursis probatoire.
Le Parquet comme les juges ont bien identifié « la spirale » dans laquelle se trouvait le jeune héroïnomane de Fessy. « Il a les ressources pour s’en sortir mais il ne l’a pas décidé », tranche la substitut. Il a été condamné à 12 mois de prison dont 6 mois avec sursis probatoire. Et bientôt le droit chemin pour chacun d’entre eux ?
