Bellegarde : le Cinévals verra-t-il le jour rue Lafayette ?

D’une superficie de 6
427 m
2
, le terrain qui doit accueillir le cinéma jouxte le chantier du collège Dumont.
D’une superficie de 6 427 m 2 , le terrain qui doit accueillir le cinéma jouxte le chantier du collège Dumont.

Le projet de création d’un cinéma «miniplexe», d’ores et déjà baptisé Cinévals, a été initié par la mairie de Bellegarde, en 2015, puis repris par la communauté de communes du pays bellegardien (CCPB), en juillet 2018. Le concours de maîtrise d’œuvre devait être lancé en septembre dernier (voir notre édition du 30 mai 209, Ndlr). Entre la réalisation de nouvelles études et des travaux, le cinéma devait ouvrir ses portes en milieu d’année 2022. Une livraison déjà retardée d’un an par rapport aux premières prévisions, et qui risque encore d’être sérieusement compromise, à cause du coût de dépollution du site…

L’intercommunalité pas encore propriétaire de la parcelle

Après avoir envisagé ce «miniplexe» en partie basse de la ville, dans le quartier de la Filature, les élus bellegardiens avaient opté pour un autre emplacement, toujours en centre-ville de Bellegarde. Il doit être finalement positionné rue Lafayette, à côté du futur collège Louis-Dumont, en face des rues de la Liberté et Brazza, au sud du plateau ferroviaire, extension de la gare SNCF.

D’une superficie de 6 427 m2, le terrain d’assiette, initialement propriété de la commune de Bellegarde, devait être vendu à la CCPB pour 600 000 €. « L’acquisition foncière a été faite » nous affirmait Albert Cochet, vice-président à la CCPB, chargé des infrastructures, en mai dernier. Sauf que selon nos informations, l’acte de vente n’a toujours pas été signé. Ce que nous a finalement confirmé Albert Cochet.

La dépollution du site constitue le nœud du problème. Comme pour le chantier voisin du collège, des déblaiements et le traitement des terres seront nécessaires. Mais contrairement à ce dernier chantier, il va falloir gérer un volume important de terre : entre 55 et 60 000 m3 selon nos calculs. Une première étude de sol a été menée en juin dernier, avec des carottages sur la zone.

Une dépollution à plusieurs millions d’euros ?

Les résultats sont connus, mais la communauté de communes n’a pas souhaité nous les communiquer. Faute d’information officielle, nous avons donc sollicité plusieurs entreprises spécialisées, afin d’obtenir une estimation du coût de dépollution. On peut imaginer que le terrain renferme les mêmes polluants que sur le tènement voisin du collège, à savoir du sable de type résidu de fonderie, des scories, mâchefers, produits par l’exploitation du chemin de fer. Une pollution essentiellement composée de métaux lourds. Leur évacuation et traitement pourraient sérieusement alourdir la note finale. Les sociétés de dépollution qui nous ont répondu ont souhaité rester anonymes. D’après elles, le coût de dépollution dépend du type de polluants présents dans la terre et de la méthode retenue. Deux modes de traitement sont possibles, avec des techniques ex ou in situ (hors ou sur site). S’agissant de la parcelle qui doit accueillir le cinéma, le coût de dépollution pourrait grimper à plusieurs millions d’euros, en cas d’excavation des terres.

En chiffres

4,11 millions d’euros HT (hors taxes), c’est le coût prévisionnel des travaux, « hors honoraires de l’équipe de maîtrise d’œuvre et hors travaux préparatoires de dépollution éventuelle, terrassements et mise à niveau des parcelles d’assise ».

15 En euros, le prix du m2 concernant la vente de la parcelle SNCF à la mairie de Bellegarde, selon le maire de Valserhône. La parcelle du cinéma a coûté à la commune de Bellegarde 96 500 €. Sans compter des travaux complémentaires, à la charge de la commune, tels que la reconstitution de quatre voies ferrées, le report d’une station d’essence.

«Des chiffres de dépollution hallucinants, jamais observés»

Régis Petit, le maire de Valserhône, a toujours défendu l’idée d’un cinéma situé en centre-ville de Bellegarde. Pour lui, la vente de la parcelle qui doit accueillir le cinéma, propriété de la Ville de Valserhône, à la CCPB, est « imminente. Elle a été repoussée chez le notaire, à cause d’une problématique de clôture de la parcelle, que l’on devait à la SNCF. C’est un point de détail ».

Eclairage complémentaire demandé

Il mise sur une adaptation architecturale du site pour construire le cinéma, sans enlever tout le volume de terre, avec une technique in situ. « Si on doit décaisser les 50 000 m3 du tènement pour les emmener dans une décharge spécialisée, à 150 € du m3, on arrive à des chiffres hallucinants qui n’ont jamais été observés jusque-là. La dépollution coûterait plus cher que le cinéma. C’est ridicule. » Il souhaite que d’autres bureaux d’études apportent un éclairage complémentaire à la première étude de sol menée. « Je ne vois pas la communauté de communes se limiter à une seule approche. » En général, le choix de la technique de dépollution dépend de la taille du chantier, du type de pollution, de la nature du sol, des délais de décontamination, des risques pour les opérateurs et des coûts des traitements.

Les élus de l’intercommunalité dans l’attente de résultats complémentaires

Si le coût de la dépollution du terrain grimpait à plusieurs millions d’euros, comme l’estime le responsable commercial d’une des sociétés de dépollution interrogées, la note finale du projet de cinéma intercommunal pourrait plus que doubler. A ce stade, plusieurs questions se posent. Pourquoi une telle étude de dépollution n’a pas été menée au début du projet, avant le lancement des premières études et du programme technique détaillé ? La CCPB poursuivra-t-elle le projet ? Choisira-t-elle un autre emplacement ?

« le calendrier des travaux n’est pas remis en cause »

« Aucune décision n’est prise pour l’instant, indique Albert Cochet, vice-président à la CCPB, en charge des infrastructures. Les conclusions de la première étude de sol ne nous permettent pas de finaliser le projet puisque la société spécialisée n’a pas pu sonder tout le tènement. Cette pollution est très disparate. La communauté de communes est dans l’attente d’études complémentaires concernant l’état de pollution du terrain, afin d’avoir une image très précise des polluants et des coûts d’excavation des terres. On pourra alors envisager les possibilités d’adapter la structure du bâtiment au terrain. Le choix du site qui accueillera le cinéma est suspendu à ce résultat d’études complémentaires. On souhaite explorer toutes les pistes avant de parler d’un possible changement de site. » Et d’ajouter que « ce cinéma, on le veut […] Pour l’instant, le calendrier des travaux n’est pas remis en cause, mis à part quelques mois de retard. Les élus communautaires statueront sur ce dossier avant les prochaines élections municipales ». Si les élus de la CCPB ont délibéré pour acheter le tènement à la commune de Bellegarde, l’acte de vente n’est toujours pas signé.