E
n tant que maire, comment avez-vous géré une telle crise ?
Elle a été compliquée émotionnellement parce que nous étions inquiets. Nous avions aussi cette double casquette de devoir assurer un service minimum aux habitants tout en protégeant les agents.
Il fallait choisir les choses indispensables comme le portage des repas, le nettoyage des écoles qui accueillaient les enfants prioritaires ou la gestion des déchets. Il fallait trouver le juste milieu.
Toutefois, avec les cellules de crise que nous partagions chaque semaine, cela a permis aux élus et aux agents de se rapprocher davantage.
Qu’avez-vous appris de cette crise ?
Nous avons vu que les habitants ont pu acquérir de nouvelles habitudes. Ils se sont aperçus qu’il était possible d’aller au travail à vélo, malgré la fermeture des frontières, de faire ses courses à vélo ou encore de faire du télétravail. Toutes ces habitudes, nous devons les accompagner. Si le télétravail s’inscrit un peu plus, c’est un élément nouveau que nous allons devoir intégrer à travers la finalisation du chantier de la fibre optique. Il y a des réflexions nouvelles qu’il faut mettre en place.
Nous nous sommes également aperçus qu’il y avait un réel besoin de la part des seniors et des plus fragiles d’être appelés régulièrement. Grâce à la cellule Covid-19 mise en place, nous avons pu avoir une base de données de personnes qui souhaitent que nous fassions plus attention à elles et qui sont seules. Nous allons mettre en place avec le CCAS (centre communal d’action sociale, Ndlr) un suivi plus fin et plus accru. Nous avons franchi certaines barrières avec cette crise.
Elle a aussi montré que la mairie est la première porte d’entrée, quelle que soit la problématique. Si nous ne pouvons pas répondre par nos compétences, il faut être un relais avec les autres collectivités comme l’agglomération ou le département.
Aujourd’hui, quelle est la priorité pour la commune ?
A la suite de ce déconfinement, avec les agents et les élus, notre priorité est l’accueil du plus grand nombre d’enfants. Nous sentons qu’il y a un besoin, depuis deux semaines, qui est accru au niveau national mais aussi localement. Dans le bassin genevois, il y a une pression des employeurs suisses qui souhaitent le retour des salariés.
Le choix du nombre d’enfants et du nombre d’heures au sein des établissements scolaires ne revient pas à la mairie. Il s’agit d’une compétence de la directrice et de l’inspecteur.
Je comprends la détresse de certaines familles qui se retrouvent sans solution. Pour cela, nous mettons en place dès jeudi 11 juin, un centre de loisir pour ces personnes-là, qui doivent retourner physiquement au travail. Nous mettons tout en œuvre, les agents aidant, pour offrir une première réponse.
Comment avez-vous géré la distribution de masques ?
Pour la réouverture des commerces, nous avons fourni des masques à l’ensemble de nos commerçants. Grâce à la bonne coordination de la Région, du Département, de l’Agglomération et des mairies, aujourd’hui nous avons un stock de masques qui nous permet de répondre aux besoins des agents et des habitants. Nous avons également un stock suffisant si une nouvelle crise se représentait à l’automne.
Quels sont les grands axes de ce mandat ?
Nous en avons trois : les familles, le développement durable, et avec les autres collectivités l’accès à la santé. Ces axes ont été à nouveau confirmés par l’équipe nouvellement mise en place. Nous allons commencer à y travailler, grâce à l’installation des commissions, dès septembre. En toile de fond, nous savons très bien qu’avec la crise du Covid-19, nous allons perdre une partie des recettes liées à la CFG (compensation financière genevoise, Ndlr). Il va donc falloir mettre à plat, sur ces trois thématiques, les priorités.
Avant cela, j’ai demandé à mes équipes de réfléchir à un scénario d’accueil des enfants, si toutefois les écoles ne rouvraient pas toutes au mois de septembre, pour ne pas se retrouver au pied du mur.
Nous avons l’installation des commissions la semaine prochaine avec la création d’une nouvelle commission qui s’intitule «développement durable et citoyenneté». Nous avons associé ces deux thématiques parce qu’évidemment, la collectivité va être un moteur, mais si nous n’associons pas les citoyens, nous oublions un pendant essentiel.
Aussi, dès septembre, nous allons travailler sur le renforcement de l’attractivité de notre cœur de village afin de créer du lien. Les gens ont besoin de communiquer, de se retrouver sur une place, de commerce de proximité et de convivialité. Nous voulons garder ce poumon vert à l’échelle du SIVOM (syndicat intercommunal à vocations multiples Ndlr).
